Un peu de retard dans mes chroniques… En même temps, comme cet album n’est sorti que début 2024 en mode autoproduit, aucune raison que ma chronique sente le réchauffé…
Chemise rouge et Gibson rouge sont portées par l’artiste pour ce Rouge Tango… Une pochette à la Warren Hayes sur son album Man in motion … un homme en mouvement, voilà qui sied parfaitement à Jimmy Bernard. Autour de lui, des volutes s’élèvent rougeoyantes. Elles symbolisent la mémoire des légendes de Jimmy qui l’entourent et parfois le hantent ; les vivants dans les vagues bleues, l’esprit des anciens dans les nappes rouges.
Car avec Jimmy Bernard, tout est histoire d’influences et de rencontres, réelles ou virtuelles. Celles d’un jeune artiste de talent avec ses idoles, Gainsbourg, Clapton, Christophe, Bashung et Johnny Depp en tête.
Un jour, Olivier Guindon *, « le Clapton d’Aix en Provence » -disparu en 2020- génial créateur de l’intro du « Vertige de l’amour » de Bashung m’a dit : « J’ai rencontré sur Facebook un jeune très doué qui joue du Clapton comme Eric lui-même. Il est bluffant, c’est pas juste un bon imitateur ! »
J’ai écouté, j’ai rencontré « le phénomène », je l’ai même vu sur scène, et j’ai adhéré… adoré même. Parce que le personnage est attachant.
Une voix à la Jean Louis Murat qui attrape l’oreille pour ce mélodiste autodidacte qui recrée son Amérique à lui, celle d’Eric Clapton, de Bob Dylan et du Brother in arms Mark Knopfler. Il y a dans cette musique beaucoup de références, issues d’influences multiples, auxquelles Bernard rend hommage en plaçant des clins d’œil dans les textes ou les mélodies. Le jeune artiste porte en lui l’héritage de ses lectures, ses écoutes, ses idoles et il les évoque tout au long de l’album.
Un album qui s’ouvre sur « Petite Lulu », l’histoire du fol amour qui hante, à la vie à l’amor ! Le clip, réalisé par François Avenel est en lui-même un résumé de l’iconographie personnelle de Bernard… Avec une jolie image poétique pour démarrer la chanson : « On se retrouve comme on a dit dans la noisette de tes yeux ».
Auteur compositeur interprète, le garçon affiche beaucoup de maturité dans son écriture ; une écriture délicate, une poésie à fleur de peau, fine et sensible, des phrases à tiroirs et des images savamment créées… Ca coule fluide sur fond omniprésent d’amour, ça roule cool même. Chanson attachante « Rouge Tango », avec son attaque de guitare et son clip réalisé encore par Francis Leneval, est comme une nuit américaine avec des couleurs à la Edward Hopper… Une vision de son Amérique à lui…
Tout au long des 14 titres de ce premier opus ce sont des instants de sa vie qui sont scénarisés, des rencontres transformées en chansons comme dans « Un film noir et blanc » . Il y a dans cette musique la nostalgie de mélodies léchées, de guitares qui trainent… Il est presque étonnant de trouver une telle culture musicale chez un aussi jeune homme qui a réalisé lui-même guitares, claviers, la plupart des basses et quelques-unes des batteries. Le DIY poussé à l’extrême ! Et quand Jimmy passe à l’anglais, l’ombre de Mister Zim est encore plus présente, comme sur un « Blue Road » tellement Dylanesque.
photo par F. Leneval
Au milieu de toutes ses influences, il n’en demeure pas moins difficile de ne pas percevoir l’impact d’Olivier Guindon derrière une bonne partie de guitares jouées à la Hank Marvin. « Les montres en chocolat » en est une illustration qui évoque le souvenir toujours prégnant du guitar hero aixois…
Evidemment, quand on écoute ce premier album autoproduit on pense à ceux qui ont influencé l’artiste… Je l’ai écrit plus haut, la chose se comprend. Mais plus vous l’écouterez – et le buzz des réseaux sociaux, je l’espère, nous y aidera – plus vous n’entendrez, en fait, qu’un musicien et auteur traçant son propre chemin. Une belle rencontre à partager !!
Le site de l’artiste https://www.jimmybernard.com/
*Olivier Guindon, guitariste d’Alain Bashung, Aix en Provence 1953/ Aix en Provence 2020. Groupes: Et Moi&Moi, KGDD, Vanda et ses sirènes ( ndlr)
J’ai grandi à l’aire des dauphines, jeune scélérat sans roi. Adolescent, une voix à la radio m’a soufflé « Je fume pour oublier… » et a éveillé ma curiosité musicale jusqu’à l’envie. Balayés le disco et ses paillettes, le noir était de mise et resterait ma livrée. Toujours pas dynamité d’aqueduc, à peine dressé quelques loulous… J’aime la musique qui ose et les voix qui en imposent. Et que ne durent…