Plus connu du public pour son travail de scénariste et d’auteur bd, collaborateur de longue date du magazine Fluide Glacial, Jean Michel Thiriet est, par ailleurs, un musicien accompli. Guitariste, il collectionne, presque compulsivement, tout instrument proposant quelques cordes tendues sur un manche et une caisse de résonance. Si vous allez chez lui, il s’empressera – pour peu que vous soyez musicien – de vous faire visiter et essayer cette hétéroclite collection, dont vous ne pourrez, toutefois, retenir le nom des curiosités qui la composent.
On se demande alors si Thiriet, son truc, ce ne serait pas la musique plus que les petits mickeys? D’autant que l’homme, au demeurant discret, est investi dans plusieurs formations nîmoises, dont Sweet Sweet Bulb et The Blimp, lesquelles ont pour point commun un penchant pour les musiques tarabiscotées. Soit une orientation complexe, pas franchement dans l’air du temps, entre Progressive, Folk- Rock et expérimentations sonores à la façon de Fred Frith et The Residents. On se dit – un peu rapidement- que Thiriet aurait, peut-être, été plus à l’aise au mitan des seventies qu’en 2020? Par chance et sagesse acquise, la question ne le préoccupe guère. Et c’est tant mieux.
Enregistré en solo Harry Irene Project est édité par le micro label nîmois Les Disques Roblo, sur lequel on retrouve aussi Sweet Sweet Bulb, et l’exilé genevois Gil Rose. Dès la première écoute, on y entend les influences âpres et électriques de Captain Beefheart et Franck Zappa – deux recurrences dans l’univers de Thiriet -, mêlées à celles, plus acoustiques, de Dylan et CSNY. L’habileté et les compétences du musicien sont évidentes. Comme ses qualités d’auteur compositeur non dénué d’humour et de second degré – ce qui n’est pas si fréquent -, aspect du song writing en cohérence avec le travail du scénariste et dessinateur. Bel objet, le vinyle est accompagné d’un livret de vingt pages, illustré, évidemment, par Jean Michel Thiriet lui-même.
Un élément de collection, qu’on classera après écoute dans la catégorie des raretés singulières.
Peintre et guitariste, adepte de Telecaster Custom et d’amplis Fender. Né en 1962 – avant l’invention du monde virtuel – pense que la critique musicale peut-être un genre littéraire, objet idéal pour un débat en fauteuil club millésimé.