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Interview – The Saint Margaret Square Conspiracy

A Nîmes, The Saint Margaret Square Conspiracy est un groupe de Pop-Rock ou Folk parfois, inspiré par le psychédélisme anglais des années 1960 et début 1970. Les quatre musiciens ne sont pas des débutants, loin de là, puisque ceux qui connaissent la vie des groupes locaux et régionaux ont pu les entendre dans d’autres formations. Claude Saut ( basse et chant), Gilles Barthélémy Roux ( batterie, backing vocals), Sébastien Restivo ( guitare et chant) et Jean Noël Bouet-Damiani ( guitare et chant) sont des amateurs très éclairés, avec un bagage musical conséquent. On les trouve engagés dans un travail de composition qu’ils mènent avec le plus grand sérieux. Nous les rencontrons dans leur local de répétition, au milieu des instruments, éclairés par deux lampes orangées balançant doucement depuis le plafond.

Dark Globe: On fait court, d’accord ? Est-ce que vous êtes bavards ceci dit ?

Jean Noël: Ça dépend. Je peux être complètement taiseux si ce n’est pas mon jour…

Gilles: Je parle quand c’est utile. Mais en fait je doute souvent …

Claude: Je ne suis pas tellement bavarde, mais j’ai toujours mon point de vue et je le dis aux autres membres du groupe. Et ils l’écoutent!( rires).

Sébastien: En général on ne nous demande rien. Donc…Que veux-tu que je te dise?

Depuis combien de temps existez vous, en tant que groupe?

Jean -Noël: Janvier 2018. Mais nous nous connaissons tous depuis bien plus longtemps. Je connais Claude depuis 1984. Gilles est le membre le plus récent. Nous avons eu quelques changements à la batterie. Ca a pu nous compliquer les choses. C’est ainsi et ce n’est pas très grave. Honnêtement. Nous avons tenu bon.

Comment abordez vous votre approche musicale, en amont de vos compositions puisque vous ne faites aucune reprise?

Sébastien : Il y a plusieurs influences. Différentes mais qui se rejoignent. Nous n’avons pas le même background. Gilles et moi aimons le métal, entre autres, on a commencé par là. On va voir des concerts qui remuent! Ultra Vomit! Ouais! (rires). Certaines prouesses de guitaristes aussi. Je ne pense pas que ce soit le cas de Jean-Noël. Il préfère un autre genre de guitaristes que je ne connais qu’à travers lui. Mais les tendances se complètent. Donc il y a plusieurs choses chez nous, y compris du funk sur deux ou trois titres.

Jean-Noël: Exact. J’écoute de tout. Essentiellement de la pop. Anglaise de préférence. Le rock indie est ma tasse de thé. Comme le folk des années fin 1960 début 1970. Genre Nick Drake. Je suis captivé par le style hybride et poétique de Syd Barrett en solo. C’est bancal. Mais ça mélange psychédélisme, pop et folk justement. J’aime bien ce qui est expérimental aussi, atypique. Comme The Clientele, en ce moment ou The Beta Band au début des années 2000.

Claude: En ce qui me concerne je n’écoute pas tellement de musique actuelle. J’en joue. Donc l’actualité m’impacte peu. Je suis multi instrumentiste et lorsque j’ai commencé la basse nous étions en plein début de la vague new wave. J’ai appris de cette façon. Mais il y a eu ensuite d’autres influences. Voilà…

Votre nom est à rallonge, sans vouloir vous contrarier. Il pourrait être difficile à mémoriser voire à prononcer pour le commun des mortels. D’où vous est venue cette très curieuse et improbable idée?

Jean-Noël: De Barrett justement. C’était le nom de sa rue à Cambridge, une impasse de banlieue résidentielle où il a vécu quasiment en reclus. Conspiracy est un clin d’œil à Jazz Butcher Conspiracy de Pat Fish ( rip).

Claude: Nous trouvons que c’est un nom original. Jean Noël l’a proposé parce que Barrett le travaille, on va dire ça sans trop se tromper…(rire général). Ce nom est littéraire en même temps. Evocateur. Bien que des amis, au début, me disaient personne ne peut se souvenir de ça! Par ailleurs pour nos visuels, affiches et flyers, nous avons une approche un peu spéciale, elle aussi. Des images peu convenues. Orientées sixties ou très anachroniques. En juin, pour annoncer un concert, nous avons choisi une photo du roi Charles ( alors prince) sur une bicyclette, quand il avait une vingtaine d’années. Tout est plutôt cohérent avec notre nom…

Le groupe est moitié arlésien , moitié nîmois. Où aimez vous vous produire? Je ne parle pas vraiment de la question des villes, bien sûr, mais des lieux.

Jean-Noël : Bonne question! Là où on veut de nous! Ca va des galeries d’art aux petits clubs locaux. Nous sommes un groupe local! Il ne faut plus se prendre la tête. Il y a quarante ans que je joue de la musique pop et rock. Dans des groupes formés à la fin du lycée pour les premiers. C’est toujours le même bazar… Toujours la croix et la bannière…Aujourd’hui je ne veux surtout pas m’ennuyer avec des galères. J’aime bien rencontrer le public en tous les cas, dans de bonnes conditions. Le trip rock n roll, j’ai passé l’âge ! Claude l’a connu plus que nous avec plusieurs groupes, dont Corman et Tuscadu et Giorgio Canali en Italie, des formations professionnelles.

Sébastien : En ce qui me concerne j’aime surtout voyager léger. Comprenne qui veut. Nous sommes des amateurs éclairés. La technique m’intéresse beaucoup, les technologies nouvelles appliquées à la musique. Je cherche beaucoup tout ce qui peut améliorer le jeu et alléger mes déplacements! Fini les énormes pedal-boards ou les amplis hyper lourds. C’est totalement inutile. Pour ce qui est des endroits où nous avons joué, dans d’autres expériences avec Jean-Noël, nous avons fait Cargo de Nuit, L’Usine, Marseille etc. Je crois qu’il a aussi joué dans les Arènes de Nîmes, il y a longtemps (!) au Heartbreak Hotel (Sète) et même à Jazz à Junas sur un malentendu!

Jean-Noël: Il me semble – je peux me tromper- qu’il fût un temps, disons dans les années 1980 pendant lesquelles je faisais pas mal de concerts, les types des clubs ou des salles locales se prenaient moins au sérieux et c’était plus simple. L’atmosphère était un peu plus conviviale. Je me rappelle avoir joué dans des festivals rock régionaux à Uzès, Bagnols, au Rockstore en 1986 – qui s’appelait encore l’Odéon – pour une soirée étudiante. Et dans les cafés théâtres nîmois comme feu le Titoit ou Musique en Stock etc… Aujourd’hui, c’est à croire que les mecs ont Coldplay à l’autre bout du fil quand tu demandes si tu peux jouer trois quarts d’heure pour deux billets et une bière…

De fait combien de concerts donnez- vous par an? Il ne me semble pas que vous soyez franchement stakhanovistes? Est- ce que j’ai raté quelque chose ? Y a-t-il des enregistrements de votre musique que j’ai pu, par contre, entendre en direct lors d’un concert ?

Jean-Noël: Pas autant qu’on le pourrait, pour ce qui est des concerts. Mais nous sommes sélectifs. Il faut que ça colle avec nos humeurs ou plutôt une ambiance qui nous plaise et qui convienne à minima avec notre musique. Alors disons une moyenne de quatre ou cinq ou six, dans un certain périmètre, avec quelques side-projects en plus. Claude et moi avons donné deux concerts acoustiques en 2023, sur un projet autour de Barrett. Sébastien joue dans un cover band de Soul music. Mais il est vrai que pour TSMSC c’est peu, par rapport à d’autres périodes de nos activités de musiciens. En même temps je ne trouve pas qu’il soit si facile de se produire par ici. Je le redis. Quand tu fais des compos surtout. Je ne sais pas comment font les autres? C’est une affaire de réseaux, il me semble? Ou bien être prêt à tout accepter. Je n’ai ni l’énergie ni la motivation. Le temps passe en fait…Je ne recherche plus les mêmes choses du tout.

Gilles: Nous devons enregistrer quelques titres. C’est prévu. En studio et en home studio. Je vais m’occuper de ces questions avec ordinateur pour la part Home studio. Cet hiver. Notre répertoire se tient bien! Et notre dernier concert en décembre à Arles était très maîtrisé. C’est le moment, nous en avons tous parlé. Jusqu’à présent nous avions négligé cet aspect.

Votre musique est très mélodique, sophistiquée. Pop mais pas que…Quel serait votre style, selon vous ? Et comment composez vous? Parfois j’y ai retrouvé du Velvet, du Lou Reed ou des Talking Heads…

Jean-Noël: Tu as raison pour ces influences. Mais ce sont des incontournables pour notre génération. En étant plus précis, je dirais que nous proposons une pop complexe mais abordable. Marquée par le psychédélisme du milieu des sixties, un peu le prog et la new wave à guitares. Bien que j’aimerais ajouter un clavierEn gros je pense que nous sommes dans une fenêtre entre Revolver des Beatles, Piper at The Gates of Dawn du Pink Floyd période Barrett, Heaven Up Here des Bunnymen, Low Life de New Order mais aussi des trucs moins évidents à repérer comme Weather Prophets, Feelies etc. Et, pourquoi pas des choses plus lourdes…Deep Purple! Tiens, pour certaines « bulles musicales » que nous affectionnons en intro…(rires).

Claude: C’est Jean- Noël qui compose et écrit. Il apporte les chansons. C’est ensuite que nous les mettons en place. Personne ne me dit quelle basse je dois jouer. Ou bien je travaille ça avec Gilles : batterie-basse.

Sébastien: Mais nous finalisons tout ensemble. Le groupe se nourrit de chacun. C’est un processus complètement démocratique. Jean-Noël rigole de temps en temps en disant « wow il y a du potentiel » . On a gardé la formule pour s’amuser.

Claude : Oui. Les deux guitares sont dans des styles différents, deux écoles. Mais elles se complètent en créant un style et le chant est partagé entre tous. Nous bossons les harmonies vocales. Chacun a aussi des parties lead. On a pensé ainsi dès le départ. Pas de front man unique.

Un mot de conclusion ? Bien senti, vous en êtes capables, je le subodore !

Jean – Noël : Nous ne sommes plus des perdreaux de l’année ! Comme on dit. Nous avons joué du rock depuis des lustres! A soixante ans passés… C’est presque inimaginable, si on on m’avait dit ça à vingt ans… J’ai vraiment démarré dès le premier tournant des eighties…Pour Claude et moi, du moins, c’est pareil. Nos chemins se sont croisés à ce moment là. Au moment de Corman et Tuscadu, puisque Marc Simon jouait dans Les Passagers qui était notre groupe new wave, de 1983 à 1990 environ, façon Lloyd Cole ou Felt, ça variait ( rires). Puis il y a une pause et des essais ponctuels avec des gens ici et là. J’ai écrit pour Les Responsables ( des fans de Dutronc, début 2000). Un album est sorti en France et au Brésil… Etonnant, non ? Puis ensuite cinq années dynamiques, partagées avec Seb et Charles Dexter Ward ( Arles ) avant de créer ce groupe. Nous voulions faire un autre genre de musique. Plus pop, mid-tempo, sans ostentation, les choses suggérées plus que dites etc. Donc un chemin s’est fait. J’ai apprécié toutes les aventures musicales. Notre chemin, c’est celui de gens qui aiment la musique et s’y sont investis. Je ne garde que des bons souvenirs sur tant d’années. Mais aujourd’hui nous aimons vraiment The St Margaret Square Conspiracy. L’entente est bonne, c’est essentiel. C’est une affaire d’amitié, d’équilibre et très sérieusement musicale. On verra pour la suite quant aux concerts, enregistrements, etc! Le circuit c’est autre chose, à partir d’un certain moment. On espère en profiter encore, d’une manière ou d’une autre.

Sébastien: Bon, on te met un clip qui a été bricolé pendant le premier confinement. En 2020. Musicalement c’est une démo d’un de nos titres « English Friend ». Très pop… mais pas que…(sourires) . Chacun a enregistré chez lui, puis j’ai mixé. Ce n’est pas Gilles à la batterie, mais une boîte. La chanson tient du menuet, dirait on. Jean-Noël affirme que ça le faisait penser à « Cry, Baby Cry » de Lennon sur le White Album. On a laissé le comptage des temps au début. Mais ça donne une idée de ce que nous faisons. Il y a tout de même plein d’harmonies complexes dans ce titre démo… Je pense que beaucoup peuvent s’accrocher. ( rires)

Band camp The Saint Margaret Square Conspiracy ( rehearsals sessions)

Photos Jean Michel Thiriet & Alain Le Guong Nen

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