Rencontre express en pleine torpeur estivale avec Xavier, leader de Picnic Republic pour parler avec lui de ses reprises minimalistes de Franck Black et des Pixies.
Xavier, quel est ton rapport au Pixies / Franck Black?
J’ai découvert Pixies avec Doolittle en 90 grâce à une copine qui m’avait donné une copie cassette de l’album et je me suis pris une claque monumentale: je n’avais jamais entendu un truc pareil, une énergie folle, une voix passant de la rage à la douceur, des mélodies surf, des guitares ultra dissonantes. J’ai adoré instantanément et j’ai commencé à écouter toute la discographie du groupe jusqu’à aujourd’hui, y compris les albums solo de Frank Black. La découverte des Pixies m’a aussi ouvert sur plein d’autres artistes du label 4AD : Throwing Muses, Breeders, Belly, Lush …Pixies a été ma porte d’entrée dans le rock-indé.
Comment as-tu choisi les trois titres que sont «Hey», «Thalassocracy» et «Where Is My Mind»?
Je n’avais plus sorti grand-chose avec Picnic Republic depuis 2 ans, à cause de projets parallèles : je voulais donner une preuve de vie de groupe vu que mon album (NDLA: Come What May à paraitre fin 2022) n’était pas encore complètement terminé. J’avais aussi enregistré plein de reprises au piano dont «Hey» de Pixies. Le titre fonctionnait bien, je me suis dit: on y va! L’idée quand tu fais une reprise, c’est de proposer une lecture très différente du titre original: j’ai commencé à enregistrer mes titres préférés de Pixies au piano mais tout ne s’y prêtait pas. Par exemple, je suis un super fan de la chanson «Ana» sur Bossanova, mais la transposition de l’ambiance surf sur un piano, ça ne donnait rien. Idem pour «Here Comes Your Man» ou «Number 13 Baby». Pour «Gouge Away» ou «Debaser qui sont pour moi les deux meilleurs titres de Pixies, les titres perdaient tout leur sens sans l’énergie électrique et la furie de Black Francis! Bref, j’avais une dizaine de titres enregistrés: j’ai gardé ceux qui apportaient vraiment un nouvel éclairage et soulignaient le génie mélodique de Black Francis / Frank Black. C’est comme ça que «Hey», «Thalassocracy» et «Where Is My Mind» sont devenus les titres de mon mini album que j’ai appelé Charles du vrai nom de Black Francis (NDLA: Charles Mickael Kittridge Thompson IV)
Pourquoi avoir dépouillé au maximum les chansons et avoir choisi le piano?
Toujours cette idée de prendre le contre-pied par rapport à la version originale! Les Pixies sont un groupe de guitares: j’ai donc fait du piano. Et pour contrecarrer l’énergie électrique du groupe, j’ai choisi des versions acoustiques et posées. Idem pour le chant, impossible de rivaliser avec la puissance de Black Francis! Pour chaque titre j’ai voulu réinventer l’ambiance originale: cela révèle les mélodies ultra sophistiquées du groupe, là où parfois l’énergie et l’apparente simplicité masquent les compositions sublimes de Charles.
Pourquoi la date du 17 avril 1989 (date de sortie de Doolittle) et non pas celle du 28 septembre 1987 (date de sortie de Come On Pilgrim, mini album considéré comme le premier acte fondateur du groupe) ?
Pour moi Come On Pilgrim est le meilleur album de Pixies. Tout y est: les textes malsains et désopilants de Black Francis, les guitares dissonantes de Joey Santiago, la ligne de basse de Kim Deal, le jeu puissant de batterie de David Lovering, l’ambiance foutraque et électrique, le duo de voix entre Kim Deal et Black Francis, l’énergie brute, la folie… C’est un incontournable… même si Doolittle reste l’album qui contient les tubes les plus emblématiques du groupe.
Referas-tu l’exercice avec d’autres titres ou d’autres groupes?
J’avais déjà fait un album de reprises au piano autour d’Elliott Smith (NDLA: Elliott en 2019). Cette fois, je me frotte aux Pixies. Si je devais réitérer l’expérience, j’hésiterais entre tous les groupes qui ont forgé mes goûts musicaux : difficile choix donc entre The Cure, le Velvet Underground, les Smiths, REM, la Britpop des années 90, les Beatles, les Clash, les Stooges, le rock-indé américain …
Élevé dans les contrées bretonnes, biberonné au rock indé anglais sous Tatcher, fan de montagne et de guitares (peu compatible, ce qui n’en fera jamais un guitar hero), amateur de grands voyages et de bon vin, FX aime à partager ses goûts pas toujours objectifs et discutables avec, parfois, un sens aigu et maîtrisé de la mauvaise foi assumée.