Interview – André cuisine la rédac de Dark Globe ( ça commence! )

Connaissez – vous bien l’équipe de rédaction de Dark Globe.fr? Ces messieurs si tranquilles, ne sont-ils pas trop sympas pour être honnêtes? Parce qu’ ils ont l’air cool, d’accord, mais qu’ont-ils dans la tête, et qui serait capable de dévaliser le stock de vinyles collectors de Vibrations, rue Fesch ? Hum... Allez, je mène l’enquête!

Bien installé ? Je t’écoute: Nom, prénom, date et lieu de naissance :

Bouet-Damiani, Jean-Noël. 18/09/62 Salon de Provence (13)

Sur la photo, c’est bien toi?

Oui. Il me semble bien. Mais j’ai changé de lunettes.

Commençons par le commencement. Rédac chef de DarkGlobe, tu es forcément une personne de goût ! Mais quelle est donc la couleur que tu préfères ?

Je ne sais pas. Jacques Tati disait : « Trop de couleurs distraient le spectateur… ». Je le pense aussi.

Je suis sûr que tu as un mot préféré, parmi ceux de ton grand vocabulaire. Lequel ?

« Honneur ». Une valeur morale, non dogmatique. L’honneur est une affaire personnelle.

Au contraire, quel est le mot que tu détestes ?

Ils sont tous utiles et précis, je ne déteste aucun mot.

Est-ce que tu jures quand tu es en colère ? Si c’est le cas, ton juron, gros mot ou blasphème qui vient le plus facilement ?

Je ne peux pas dire ça. Ce serait trop long.

A part écrire dans DarkGlobe, qu’elle est ton occupation préférée ?

Jouer de la musique. Composer. Dessiner ou peindre aussi. Marcher en bord de mer.

As-tu des héros dans la vie réelle ? J’en suis sûr ! Balance leurs noms, s’il te plaît !

Mes héros ce sont mes proches. Tu comprendras que je ne donne pas leurs noms. Je ne balance pas. Ha ha ha !

As-tu une devise ? Le truc auquel tu penses pour te définir ?

« Quand on parle on en dit toujours trop ». C’est de Jean Claude Izzo, auteur de polars made in Marseille. Avec le temps qui passe, je me dis qu’il faut vraiment choisir ceux avec qui on parle. Mais il faut aussi savoir parler à tout le monde. Ou presque… Un vrai casse-tête…

Continuons avec ta vie culturelle.  Parce que tu en as une, nos ami – e- s lecteurs et lectrices veulent savoir ! A part ta passion pour la musique, es-tu plutôt peinture ou littérature ?

Les deux.

Je vais plus loin : dis-moi quel est ton écrivain/ écrivaine ou peintre préféré(e)?

Écrivain : Jérôme Ferrari, pour en choisir un parmi les contemporains . Peintre : Pierre Buraglio. Tu as dit un seul…il y en a d’autres.

Comme tu es super malin, je pense que tu pourras nous expliquer pourquoi ?

Écriture superbe et sujets qui me parlent. Je me sens proche de ce que nous dit Ferrari. Il montre le réel. Ce qui me paraît inhérent à la littérature. Buraglio, lui, a 80 ans. C’est un peintre français qui questionne sans cesse la peinture et son histoire. Je ne dissocie jamais une création de ce qui s’est fait avant ou en même temps. Raison pour laquelle je regarde souvent le travail de Buraglio et je suis admiratif de ses œuvres depuis quarante ans. Il est actuellement au musée Fabre de Montpellier.

Bon. Je reviens tout de même à la musique. Comment est née chez toi l’attirance, voire l’amour, qui te lie à ce domaine artistique ?

Au collège. Les disques compiles des Beatles. L’album Desire de Dylan, en 1975… C’est parti comme ça. Avant la découverte de ces musiques qui me paraissaient assez sophistiquées, j’ai dû aussi écouter au moins cent fois le 45t « Be Bop A Lula  » de Gene Vincent . Vers l’âge de 13 ou 14 ans, je le jouais avec le disque sur une guitare à cordes en nylon…

Tu fais de chouettes chroniques mais as-tu fait partie d’un groupe en vrai ? Pendant le lycée ou la fac par exemple ?

Oui. Dès la terminale. Il y en a eu plusieurs ensuite.

Avait-il un nom ce groupe ? Et quel était ton rôle ? Gardes tu des bons souvenirs de cette période là ?

Le tout premier en 1979, s’appelait The Syd Barrett Experience. Ce qui est un écho inconscient au groupe actuel, The St Margaret Square Conspiracy… La boucle va t- elle se refermer? A ce moment là, je jouais de la guitare folk sur laquelle je fixais un micro. Puis j’ai eu une copie de Gibson SG de marque Maya… Fabriquant japonais, je crois. On a dû me l’offrir pour Noël en 1977 ou 78… Je n’ai pas de souvenirs très précis de ces débuts. Des images de transport d’amplis à mobylette, un concert fulgurant au foyer du lycée, dans les salles paroissiales… des bribes… Puis les possibles ont peu à peu pointé leur nez. Je joue toujours en groupe, comme je viens de le dire.

Le temps passe, on le sait, alors dis moi, quand tu as laissé la jeunesse derrière toi (!) la fac, etc, la dure réalité du monde est venue face à toi. Et les années vont vite… Alors quels sont les rapports que tu gardes avec la musique ?

Des rapports très étroits ! Quotidiens. Ça m’a parfois aidé face à la dureté que tu évoques. Mais c’est tout de même insuffisant pour se mettre hors d’atteinte…Ma grande illusion !

Avant ou en même temps que Dark Globe, as-tu écrit dans des magazines spé musique ? Ou est ce qu’on t’entend à la radio, quelque part, par exemple ?

Oui. Des articles dans Crossroads en kiosque, dans la version livre/magazine qui a tenu une paire d’années vers 2021, des textes mi fiction mi réalité consacrés à Syd Barrett , une de mes obsessions … Je me suis occupé d’un fanzine local dans les années 1980. Il n’y en avait pas eu d’autre à Nîmes avant celui- là. Je collaborais aussi à une radio libre vers 1984/85.  Dans l’émission d’un copain. Elle s’appelait Petit avec de grandes oreilles ! Sur Radio Cigale ou Canal 30…Je fais actuellement des podcasts pour la dernière radio vraiment indé du Gard, Radio 16, nichée dans une vallée cévenole. Des purs qui ont résisté.  L’émission s’appelle Rock Trip. Il y a eu vingt-deux numéros. J’écris absolument tout avant.

Maintenant nous touchons le moment de vérité ! Ecoute bien cher rédac chef, car ces questions portent sur tous les styles de musique que tu veux…Tu es libre de déclarer ton amour pour le prog, le métal , la variétoche la plus honteuse. Ne nous caches rien …Est-ce que tu veux bien me donner tes trois artistes solos préférés ?

Nick Drake, Bob Dylan, Dutronc…tu as dit trois. Il faut quand même que j’ajoute Barrett. Un cas à part…

Pour le top 1, quel morceau choisirais tu qui serait le plus significatif selon toi? Et tu me fais pareil pour les Tops 2 et 3 ! On t’écoute attentivement.

“Northern sky” de Drake. “Stuck inside of Mobile” de Dylan. “Madame l’Existence « de Jacques Dutronc, une de ses dernières chansons sur l’album éponyme. Intéressante mais production pas à mon goût. Enfin chacun mes goûts ! Le texte et la voix de Dutronc senior me parlent beaucoup sur ce titre. Mais depuis le début je suis fan. Ceci dit je pense que la musique c’est absolument fini pour lui depuis longtemps.

On essaie maintenant avec tes trois groupes préférés ?

New Order, Pink Floyd (jusqu’à Animals), The Who ? Pas certain pour le numéro 3…mais ils sont dans le top.  Tout ça date, rien de neuf, tu demandes bien les préférés de toujours? Il faudrait que j’ajoute Felt, The Feelies , Television …

Le morceau référence pour toi, pour chacun de ces groupes ce serait ?

Difficile, voire impossible à trouver ou réduire à un seul titre… Peut-être « Regret » de New Order, « Pigs » pour Pink Floyd sous la houlette de Waters. Avec un solo de Gilmour qui est un chef d’œuvre! « My Generation » pour The Who.

Et si tu as une fine oreille, ton instrument préféré dans tout ça ?

La guitare. Les Fender Telecaster Custom Deluxe si je dois choisir.

« Rock and roll is here to stay, » a chanté Neil  Young avec Crazy Horse. Ses concerts de l’époque Rust Never Sleeps c’était quelque chose… Et pour toi, les concerts, ah oui les concerts ! Que de souvenirs, pas vrai ? Donc, si tu devais écrire sur tes trois plus beaux concerts, ce seraient lesquels ?

Le tout premier. François Béranger en 1977 au théâtre de la ville où j’habitais. Il y a eu une émeute ! Une vraie sensation rock . The Smiths, en Angleterre, par hasard l’hiver de 1984 , le soir du jour où j’ai entendu « What Difference Does it Make » à la radio anglaise ! Le concert était dans le hall d’une école technique il me semble. Morrissey était à dix centimètres de moi. Il y avait des glaïeuls qui jonchaient le sol. Je ne connaissais pas du tout le groupe le matin même. David Gilmour, arènes de Nîmes. Au dessus du lot, en ce qui le concerne. Un morceau d’histoire de la musique de très très haut niveau. Prenez ça comme vous voulez…

Le prix des billets de concert en 2025 ? Tu en dis quoi ? Marchons-nous sur la tête ?

Plusieurs réalités pour la même activité.  Entre les artistes très mal payés et ceux surpayés il y a un monde. Les prix sont parfois délirants pour les célébrités.

Est-ce que tu penses aujourd’hui que les noms de certains festivals ont encore un sens ? Hellfest qui s’ouvre à d’autres styles. Muse va y jouer ?! Patrimonio, Les nuits de la guitare, sont contraints d’élargir leur palette musicale question budget…Jazz in Montreux qui présente du blues, du funk, du rap etc…Enfin tu en dis quoi ?

Rien. Je ne suis pas pour le cloisonnement de toutes façons.

Ta conso musique de tous les jours, tu la fais sous quelle forme ? Streaming, vinyle ou cd ? Et pourquoi ces choix ?

Streaming modulé par mes soins. Je pioche beaucoup ici et là. J’écoute des CD. Je n’ai plus de platine vinyles depuis 1990.  Je n’ai pas l’intention d’en acheter une nouvelle parce que c’est revenu à la mode, l’industrie nous prend pour des billes.

Bon, on termine avec l’essentiel. Nos followers et abonné– e- s te connaissent mieux maintenant. Concluons !

Ton rôle au sein de DarkGlobe.fr, comment le vois tu ?

Je sers la cause collective. Je prête attention à chacun. Rédacteur en chef ( avec François Marc Loze ) c’est aussi le rôle ingrat..

Si Dieu existe, qu’aimerais-tu, après ta mort, l’entendre te dire ?

« Tu vas rentrer au club gentlemen, lounge, all access etc…Il y a des gens bien qui t’attendent. » C’est le minimum.

Bon, et bien tu es libre… Je te laisse tranquille, mais je t’ai à l’œil!

Photo mise en avant, Garde à Vue ( Serrault/Ventura), Claude Miller 1981