Soit Im Takt. Soit un autre des ces groupes dont je n’aurais jamais dû entendre parler ou que j’ai failli louper. Au choix. Essentiellement parce que, en retard une fois de plus à un concert, j’ai effectivement raté leur première partie de Metronomy à l’Aéronef à Lille. Comme une scène de déjà vu pas si lointaine. Ce n’est donc qu’après le show, alors que je traînais (mais pas longtemps) devant le stand des vilains tee-shirts de Metronomy que j’entendis des bribes de conversation: « Elle était vraiment pas mal du tout la première partie ». Un dernier regard jeté sur le reste du stand, des tee-shirts imprimés « Im Takt » qui pendent sur des cintres, et hophophop, accroché à mon hameçon, me voici tout intrigué.
Groupe brestois aux ⅔, Im Tak se traduit de l’allemand par « en cadence ». Louons ces trois jeunes gens (Bertrand Roudaut: percussions; Xavier Laporte: guitare et claviers; Vincent Roudaut: basse et claviers) pour leur capacité à trouver le nom qui ne peut que trop correspondre à leur musique: instrumentale, au cordeau, binaire, qui fait bouger les jambes et sautiller sur place; le tout rassemblé sous l’appellation de krautpop. Autant en convenir, avec un tel nom, il ne peut pas y avoir erreur sur la personne et plus de place pour le soupçon; ce n’est pas comme si votre baby sitter s’appelait Charles Manson. Lauréat du tremplin Jeunes Talents des Vieilles Charrues en 2010, Im Takt a sorti son premier EP autoproduit de quatre titres au mois d’Avril 2011. Une galette qui démarre sur les chapeaux de roues et nous précipite tout de suite au coeur du sujet. « Afrika » déroule entre batterie syncopée et tribale, coups cinglants de guitare et « Hohoho » vocaux, pour automatiquement mettre en marche la machine à bouger. « Vampire » a des sonorités rock plus traditionnelles, n’est plus conduit par la rythmique de la batterie mais par des handclaps et autres riffs de guitare discrètement soutenus par un clavier. Morceau le plus électronique du disque avec son Casio estampillé années 80, « Fat Billy » navigue entre mélancolie synthpop et danse extatique. Le EP se conclue avec l’excellent et bien nommé « Buttons », dont le nom, l’association guitares et claviers répétitifs et hypnotiques ne laissent aucun doute quant à une inspiration à chercher du côté des Fuck Buttons.
Cohérent dans sa tension permanente et sa capacité à faire danser tout du long, impressionnant dans sa maîtrise technique, son sens du métronome, l’ensemble, malgré son application et son savoir-faire, nécessiterait tout de même une once de maturité, de subtilité et d’arrangements dans la production. Il ne manque presque rien à Im Takt pour devenir tout à fait enthousiasmant et j’attends la suite avec impatience. Parce que c’est aussi typiquement le style de musique que je suis curieux de voir sur scène… Ahem. Et crotte.
En écoute: « Buttons »
Grand consommateur de Baby Carottes et de sorbets au yuzu, j’assume fièrement mon ultra dépendance au doux-amer, à l’électropop bancale et chétive, aux musiciens petits bras ainsi qu’aux formes épurées du grand Steve Ditko. A part cela? Il y avait péno sur Nilmar.