Je sais pas ce que vous en pensez, vous, mais moi je trouve que le post-rock version « classique » en a pris un bon coup dans l’aile depuis que GY!BE n’existe plus, depuis que Mono nous re-pond le même album tous les deux ans, et que Mogwai semble davantage s’intéresser à sortir des disques sur Rock Action qu’à en écrire. Heureusement il y a depuis 2006 à Akron, dans l’Ohio, un groupe qui a l’air d’avoir le potentiel pour ramasser le flambeau là où les autres l’ont laissé tomber. Sans manquer d’apporter sa petite touche perso.
If These Trees Could Talk (c’est son nom) a tout du bon groupe de post-rock instrumental bien évident : nom et titres à rallonge, évocations écolos (voir un peu hippies sur les bords), visuels arty de représentations naturelles, paysages, etc ; même chose coté instrumentation et arrangements : les chansons de ce premier album Above The Earth, Below the Sky (seul un EP est sorti depuis la naissance du groupe il y a trois ans) ne nous emmènent pas franchement très loin de ces terres déjà bien connues. Mais si le groupe connaît bien ses classiques et ne manque pas d’afficher clairement ses influences (pleinement assumées), il serait dommage de trop vite le ranger au milieu des ersatz sans intérêt (qui on le sait sont hélas de plus en plus nombreux). Car son propos est étoffé, et les passages étirés de delay à la Explosions In The Sky sont ici agrémentées d’une énergie plus metallique, le quintet mené par les frères Kelly n’hésitant pas à densifier le son à grand renfort de distos, gonflant les basses à la façon d’un Red Sparowes, ou s’en éloignant par moment pour s’aventurer dans des envolées groovy que Maserati n’aurait pas renié. Ce qui plaît chez ITTCT, c’est aussi une certaine constance dans le son des guitares (clairement placées au devant du spectre sonore), et la façon dont les deux six cordes tournoient l’une autour de l’autre, tant dans les passages heavy que sur les parties plus cristallines au cours desquelles elles s’expriment.
A l’heure où on devient de plus en plus critique avec la redite, et où peu de chemins restent encore inexplorés entre les autoroutes déjà tracées par Sigur Ros et quelques autres, il faut avoir une certaine foi pour se lancer dans l’exercice périlleux du post-rock instru vintage ; sans livrer l’album le plus surprenant de l’année, If These Trees Could Talk devrait parvenir à faire tendre une oreille intéressée aux amateurs du genre. Les autres passeront à coté sans le remarquer.
En écoute : « What’s in The Ground Belongs To You »
[audio:http://www.archive.org/download/LostChildren064/05_If_These_Trees_Could_Talk_-_Whats_in_the_Ground_Belongs_to_You.mp3]cultive ici son addiction à la musique (dans un spectre assez vaste allant de la noise au post-hardcore, en passant par l’ambient, la cold-wave, l’indie pop et les musiques expérimentales et improvisées) ainsi qu’au web et aux nouvelles technologies, également intéressé par le cinéma et la photographie (on ne peut pas tout faire). Guitariste & shoegazer à ses heures perdues (ou ce qu’il en reste).