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Live Reports

Idaho + Kim Novak – Sirius (Lyon), 27/02/08

Un des concerts alléchants de ce début d’année, Idaho au Sirius. Gratuit en plus. Encore qu’en ce qui concerne ce dernier point c’est plutôt dommage (mode ‘papy grommelant de pas avoir pu regarder ce concert depuis le fauteuil de sa salle à manger’). Ce groupe, originaire de Californie (ne t’y trompe pas) traverse les années avec détachement et arrogance, et sa musique transpire toujours autant la mélancolie douce et intimiste de leurs débuts, dans les années 90.

C’est donc avec plaisir et un tantinet d’appréhension que j’embarque sur la péniche, déjà bien blindée de monde. Kim Novak (groupe Caennois) vient de commencer son set depuis quelques minutes. Le pop-rock du quatuor, sans vraiment casser des briques, est efficace et mélodique, et assez accrocheur – lorsque les guitares se construisent en de longs accords saccadés remplis de delay, soutenus par une section rythmique plombée. Les effluves de sueur (qui nous feraient presque regretter celles de tabac) finissent par avoir raison de ma motivation et c’est depuis le bar que je regarderai la fin de leur prestation.

S’en suit une heure interminable. Une heure au cours de laquelle Kim Novak libère la scène de son matériel, au cours de laquelle j’ai le temps de m’avancer patiemment jusqu’au cinq ou sixième rang (et parler matos avec Mathieu, on se refait pas), une heure interminable aucours de laquelle Jeff Martin et ses acolytes vont s’engager dans une guerre sans merci contre la technique. On ne saura jamais vraiment ce qui a merdé, ce qui est sur c’est qu’au bout de cinquante minutes le premier son de piano arrive enfin a sortir de la table. Quelques soucis pour régler le reste (Excuse me, we have the reverb output coming out from one of the monitors here!) finiront d’avoir raison de la patience de quelques spectateurs, alors que les autres applaudissent enfin, quelques minutes plus tard, les premières notes de Jeff au piano.
La formation est classique: un batteur et un bassiste secondent Martin, qui se balade entre guitares custom (à quatre cordes!), effets, samples (controlés depuis un laptop juste derrière lui et un pédalier énorme que je ne verrai même pas pour cause d’éloignement) et piano à l’avant de la scène, un casque bien « vintage » vissé sur les oreilles pour mieux entendre sa voix et ses samples sans doute. Titres slowcore et morceaux éthérés s’enchaînent d’abord, toujours assez courts – dépassant rarement les trois minutes, fidèles à la formule du combo – pour faire place un peu plus tard à des chansons plus rythmées, sur lesquelles la distortion des couches de guitares prend la tête, et leur accumulation se fait plus grasse et plus épaisse. La voix suave et geignarde du Californien sied à merveille à toutes les ambiances dépeintes les unes après les autres. Et curieusement, alors que le son des instruments laisse un peu à désirer, le chant, lui, est bien retranscrit et parfaitement audible. Quelques regards alentour suffisent à cerner le public. Quelques initiés, totalement immergés dans la prestation du trio, quelques curieux, pour qui la découverte d’Idaho valait bien le prix d’entrée – et puis les habitués, qui finalement regardent le concert d’un oeil discret, pourtant séduits semble-t’il.

Le retard, le monde, la chaleur et la fatigue accumulée de la journée achèveront mon plaisir simple à rester là, debout, à laisser le son des guitares remplir mes oreilles. Idaho termine sa tournée le lendemain, à Grenoble, au Ciel. Nul doute que les conditions y seront bien meilleures, d’autant que Martin semblait contrôler depuis la scène une configuration technique assez pointue – devant laquelle l’infrastructure du Sirius paraissait bien insuffisante. Pour autant, si le confort était loin d’être celui dont on peut rêver pour un concert d’Idaho, ce fût un moment agréable. Le plaisir de retrouver les américains sur disque n’en est que plus grand.

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