Sorti le 14 juin, le nouvel album de Hermanos Guttierez, produit par Dan Auerbach ( Black Keys) est un album cosmique. Son titre ne nous trompe pas et si on y retrouve des jeux de guitares qui oscillent entre classicisme et électrification passée sous réverbération et delay à la façon de Vini Reilly ( en plus épais), il y a un changement de dimension perceptible. Les vrais frangins suisses/équatoriens, aiment les grands espaces et les ambiances sonores idoines, on s’en était aperçu. Ils confirment leur tendance. Après avoir trouvé l’inspiration dans ces paysages désertiques évoqués dans leur précédent lp El Bueno y El Malo (2022) hispanisant et westernien, les guitaristes prennent leur envol. Avec Sonido Cosmico ( à la fois titre de l’album et pièce musicale qui ouvre la face B) , le duo nous fait quitter sol et poussière pour nous retrouver on ne sait trop où, mais surement loin d’un univers aux contraintes terrestres.
S’il n’y a toujours pas d’histoire explicite racontée ni de chant pour nous guider dans cette musique qui ressemble de plus en plus à d’excellentes bandes son pour films à imaginer soi-même, les atmosphères créées par les deux frères réussissent un mixage de séquences où les guitares se combinent et planent sans jamais s’égarer dans bavardages ou digressions inutiles. Le propos musical est précis, suffisamment convaincant dans un objet sonore atypique, loin des formats pop ou rock habituels, qui suppose qu’on se glisse dans ses méandres activant pour cela une forme d’attention flottante nécessaire à l’écoute et au songe. L’exercice devient expérience.
« Sonido Cosmico » est le troisième clip réalisé pour ce grand album à découvrir.
Album paru sur le label Easy Eye Sound. Guttierez Hermanos seront en concert à Paris, Grand Rex, le 4 septembre 2024
Photo par Larry Nieuhues
Peintre et guitariste, adepte de Telecaster Custom et d’amplis Fender. Né en 1962 – avant l’invention du monde virtuel – pense que la critique musicale peut-être un genre littéraire, objet idéal pour un débat en fauteuil club millésimé.