C’est la rentrée, la grisaille de la reprise du boulot, l’éternelle et récurrente déprime post-estivale, mais il faut voir le bon coté des choses, c’est aussi la saison des concerts qui recommence. Et la première affiche de cette rentrée 2009, échafaudée par l’amicale Saint Gérard, est plutôt sympa ma foi. Il y a même encore un arrière-goût de vacances, le soleil tout juste couché alors qu’on arrive, l’ambiance décontractée qui règne à l’entrée de la salle…
C’est donc devant une petite trentaine de personnes qu’Ulrike Meinhof ouvre le bal. J’avais eu plusieurs échos plutôt positifs de sa première représentation au Sonic avec Gate et Tamagawa il y a quelques mois, et ce que j’entends ce soir confirme tout le bien que j’en avais entendu. Le bonhomme, seul, accroupi devant divers ustensiles (iPod, guitare posée à plat, petit clavier vintage, quelques pédales d’effet et une mixette) déroule un morceau d’une vingtaine de minutes, organique, grésillant, et très visuel – où l’on se plait en effet à décortiquer et distinguer chaque motif sonore subtilement utilisé et placé (bruits de pas sur des graviers, détonations pyrotechniques lointaines…). Motifs qui dépeignent des ambiances parfois contemplatives mais toujours un peu oppressantes, peut-être dans l’utilisation de sons quelques peu agressifs. Un set court – et qui me laisse sur ma faim – mais vraiment bien envoyé, et qui à mon sens gagnerait en intensité avec un minimum de mise en scène. Mais ce n’est là que le deuxième concert du projet, qu’on va suivre avec intérêt. A revoir très bientôt donc.
Ce sont les allemands de Kodiak qui prennent le relais. On change de style, puisque c’est un doom lent et plombé que le trio envoie, têtes baissées sur leurs instruments, marquant chaque « brraoum » par un basculement du tronc d’arrière en avant ma foi tout à fait symptomatique du genre. Mais là c’est la barrière des goûts et des couleurs qui m’empêche d’apprécier ; malgré quelques passages inspirés mais bien trop rares, c’est beaucoup trop lent, immobile, et bien que je ne sois pas familier du genre j’ai l’impression d’avoir déjà entendu ça un milliard de fois. Je passe donc mon tour et décroche au bout de deux morceaux (ou trois? Quatre? Va savoir).
Chevignon emboîte le pas et remporte d’emblée le trophée du public le plus nombreux, puisqu’il n’y a pratiquement plus personne dehors lorsque le groupe commence à jouer. Visiblement beaucoup sont venus pour assister à la reformation du groupe (d’après ce que j’ai compris) qui envoie un punk saccadé, assez riche musicalement et techniquement parlant (ruptures de rythmes, harmoniques basse/guitares plutôt très bien foutues). Au niveau des paroles (en français! c’est déjà suffisamment rare pour être remarqué) ça demande un second degré – voire troisième ou quatrième, va savoir – que j’avoue humblement et bien à regret ne pas avoir. J’ai beau (essayer d’) avoir une certaine ouverture d’esprit, ça m’a jamais fait trop plaisir d’entendre quelqu’un me hurler « je t’encule », même en me disant que c’est une image, que c’est pas vraiment à moi qu’on dit ça tu vois. Bref, il y a tout de même une bonne flopée de gens ici qui sont bien moins susceptibles que moi qui ont l’air tout contents de ce qu’ils entendent, et ça, c’est très très bien.
Puis c’est au tour des Australiens de Heirs de monter sur scène. Disons le, c’est clairement la principale motivation de ma présence (avec une autre un peu plus obscure dont ce n’est ni le lieu ni le moment de parler) suite à la découverte récente de leur album. Je me colle donc tout devant pour apprécier le post-prog-metal du quatuor (avec les bouchons quand même, et purée, grand bien m’en a pris). Il y a un très joli défilé de pédales par terre et l’espèce de nerd irrécupérable que je suis voit ça d’un assez bon oeil, tout comme la fender baryton du guitariste qui arbore fièrement un superbe trémolo Bigsby (mes excuses sincères pour les nombreux néophytes qui n’ont pas la moindre idée de quoi je parle). Le set commence avec le titre d’intro, « Plague Asphyx », qui sonne plutôt bien mais à la fin duquel un des guitaristes connaît quelques problèmes d’ordre électrique, ce qui a l’air de l’énerver passablement. Un coup de gaffer et c’est reparti avec « Mockery », puis « Cabal » dont on peut apprécier toute la richesse mélodique et le jeu des textures de guitares. Le son est plutôt pas mal pour l’infrastructure de la salle, mais on aurait sans doute davantage apprécié le Grrrnd Vaise, surtout vu la réussite de la soirée au niveau des entrées. Pas grave. Encore un petit problème technique : cette fois c’est la grosse caisse qui se met à avancer dangereusement vers le bord de la scène, sous l’effet des coups de pieds martelés par Damian Coward, ce qui ne semble pas inquiéter le roadie qui accompagne le groupe et, pourtant juste devant la batterie, profite du concert les yeux fermés, sans doute au lieu de faire son boulot – ce qui énerve passablement le guitariste (toujours le même). Moi, de mon petit coté, je suis content, Heirs en concert c’est bien, mangez-en. Le set, un peu longuet tout de même, se termine devant un public très clairsemé qui commence quelque peu à ressentir les effets de la fatigue.
C’était sans compter le final, et le concert d’Ours Bipolaire qui joue un peu à la maison et, comme pour Chevignon (avec qui ils partagent leur guitariste) la foule qui s’était alors entassée dehors revient en masse. Je n’avais pas la moindre idée de ce que les trois compères allaient jouer, et c’est une excellente surprise, un rock funky-groovy, super alambiqué et plutot gentillet au vu du reste de l’affiche, mais dont l’objectif clairement avoué de faire bouger les culs est atteint dès les premières minutes. Pas étonnant vu qu’on reconnait à la batterie André Duracell, qui il faut le dire est un spectacle à lui tout seul derrière les fûts de par le coté sportif de la chose. Après une reprise très sympathique que je n’arriverai pas à identifier, mais qui me fait un peu penser au titre d’un trente-trois tours de Pinback qu’on aurait joué avec le switch sur 45t – tout ça se finit par deux rappels et une bonne dose de bonne ambiance. On n’aurait pas pu rêver mieux pour finir la soirée – et nos vacances. Au dodo maintenant, c’est pas tout ça, lundi y’a école.
(NB: La photo en titre (Heirs) n’a pas été prise vendredi soir – je m’en excuse mais devant la pénurie d’appareils il a bien fallu improviser)
cultive ici son addiction à la musique (dans un spectre assez vaste allant de la noise au post-hardcore, en passant par l’ambient, la cold-wave, l’indie pop et les musiques expérimentales et improvisées) ainsi qu’au web et aux nouvelles technologies, également intéressé par le cinéma et la photographie (on ne peut pas tout faire). Guitariste & shoegazer à ses heures perdues (ou ce qu’il en reste).
Haz
tu veux dire que le guitariste de Heirs utilise autant de pédales que ceux de FTCF ? :)
Lionel
Mmmm pas tout à fait
Mais ça décomplexe de voir qu’on est pas les seuls :D
Haz
oui mais vous avez une réputation à tenir maintenant !
Artichoke
De ce côté je crois que je suis complètement hors catégorie …