J’ai hésité un peu avant de me lancer dans l’éloge de ce disque, parce que bien qu’il m’ait touché, que je le trouve particulièrement abouti et excellemment construit (sans vouloir dévoiler la fin!), je ne trouvais rien d’intéressant à dire à son sujet. Burning Off Impurities est de ces oeuvres complexes, torturées, abstraites que l’on se casse les dents à essayer de comprendre plutôt que de « ressentir ». C’est l’essence même du post-rock, mais cet adage se voit ici poussé à son paroxysme…
Tout commence avec Soft Temple, une lente marche, sur laquelle se greffent rythmes orientaux, aidées par des tablas, des cithares ou autres cordes exotiques, et des notes de piano, légères et envolées. En fond, une basse lancinante pose le décor et soutient l’ensemble avec un lyrisme certain. Puis oubliant sa retenue, le titre évolue avec une tension confortable vers la nervosité, contrastant avec les accalmies qui bercent par occasions le reste du disque. S’y succèderont moments épiques plus rapides et rythmés (Outer Banks , Dead Vines Blues ou la fin de l’excellent Silk Rd), et atmosphères ambient et psychédéliques (Drawn Curtains), toujours sous cette influence de musique indienne à la « mille et une nuits ».
Grails propose donc avec cet album une alternative vraiment intéressante au post-rock « classique » délivré par Mono, Explosions In The Sky et autres Godspeed (avec toute l’admiration que j’ai pour eux), devenus maîtres en la matière mais – bien qu’excellents dans leur registres respectifs – qui s’y sont quelque peu enfermés, et nous avec… L’approche de Grails paraît plus spirituelle, plus sensorielle: toujours déstructurés, les rythmes éthérés et les passages plus nerveux s’emboîtent avec grâce et discrétion. Est-on à la naissance d’un nouveau courant musical? Grails n’en est pas à son premier disque, mais Burning Off Impurities paraît le plus mature, le plus marquant et le plus intéressant (de ceux que j’ai pu écouter en tout cas). Pour vous faire une idée, écoutez le sublime titre d’introduction. Nul doute que celui-vi éveillera tout au moins votre curiosité…
En écoute: « Soft Temple »
[audio:https://darkglobe.free.fr/public/music/Grails_SoftTemple.mp3]cultive ici son addiction à la musique (dans un spectre assez vaste allant de la noise au post-hardcore, en passant par l’ambient, la cold-wave, l’indie pop et les musiques expérimentales et improvisées) ainsi qu’au web et aux nouvelles technologies, également intéressé par le cinéma et la photographie (on ne peut pas tout faire). Guitariste & shoegazer à ses heures perdues (ou ce qu’il en reste).