Ouais, je sais, c’est déjà has-been de faire une chronique sur Fuck Buttons, tout le monde t’en a déjà parlé, là et puis là, et puis aussi là tiens, n’empêche que nous les Lyonnais on a toujours un bon train et demi de retard sur tout tsé, et c’est pas moi qui le dis. Bref. Fuck Buttons, c’est le truc super hype du moment que tu vois bien que les deux gars, Andrew Hung et Benjamin John Power, ils ont même pas fait exprès. (Non mais sans déconner t’aurais idée d’appeler ton groupe comme ça toi?).
Autant le dire, à la base, ce truc résolument lo-fi de petits trublions déjantés qui s’égosillent dans des micros Fischer-Price(r) et leurs machines qui font blip-blip, ça n’a plus grand chose de rafraîchissant, et somme toute, certains s’étaient déjà chargés de rendre le truc super chiant avant même que çà devienne original. Sauf que voilà, Fuck Buttons sont de Bristol, et à Bristol, on fait pas n’importe quoi avec le son messieurs-dames, sinon les tenanciers se mettent en colère et ils viennent te taper sur les doigts.
Plus sérieusement, ce qui choque d’abord, et ce qui séduit ensuite, c’est ce mélange étonnant, subtil et contrasté, de maîtrise des sonorités d’une part, et de l’autre cette constante impression de « allez, tiens, on part en couille ». Une débauche d’énergie sophistiquée, qui n’oublie pas pour autant de rester spontanée; c’est là que réside la force du duo. Sur Bright tomorrow, par exemple, où les claviers superposés posent la mélodie avec retenue quand les murs de guitares bourrées d’overdrive à la My Bloody Valentine jaillissent d’on ne sait trop où, bientôt appuyés par des cris distordus hurlés dans une langue que seul le hurleur en question connaît (voire invente au fur et à mesure que les mots sortent de sa gorge). Les drones sont comme des laminoirs ici, tout y passe, pour finir haché menu par les tremolos*. Et même lorsque le tempo ralentit, d’entraînantes, les ambiances noisy, aiguisées comme des couteaux, se font ensuite envoûtantes, comme si les textures ébauchées par les deux musiciens exerçaient une sorte de pouvoir hypnotisant: à l’image de Sweet love for planet earth, son intro mâtinée de petite notes électroniques et encore une fois les épaisses couches de guitares qui les enveloppe – ou encore le psychédélique Okay let’s talk about magic, dont les coupures de son répétitives constituent la principale base rythmique.
Street Horrrsing est une délicieuse surprise, certes peut-être un peu surestimée par rapport à tout le fuzz… euh buzz qu’on a fait autour (lapsus révélateur!) – mais un album qui montre un potentiel certain et une recherche sonore dans l’expérimentation poussée à un niveau vraiment intéressant, en gardant ce coté fun, délirant, et jouissif qu’on peut apprécier dans ce genre de musique. Que demander de plus… Un concert? Et ben vas-y demande! Avec un peu de chance ils passeront au Sonic le 27 mai prochain à 21h00 pour la modique somme de six euros!
En écoute: « Bright Tomorrow »
[audio:https://darkglobe.free.fr/public/music/FuckButtons_BrightTomorrow.mp3]
cultive ici son addiction à la musique (dans un spectre assez vaste allant de la noise au post-hardcore, en passant par l’ambient, la cold-wave, l’indie pop et les musiques expérimentales et improvisées) ainsi qu’au web et aux nouvelles technologies, également intéressé par le cinéma et la photographie (on ne peut pas tout faire). Guitariste & shoegazer à ses heures perdues (ou ce qu’il en reste).