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Aujourd’hui, je me modernise – et propose, faute de photos décentes (j’ai honte de tanner Gérald ou d’autres pour leurs photos de concerts, rapport à la médiocrité des miennes) mon premier video-report! Après donc une longue, que dis-je, interminable journée de boulot (et encore on n’est que mercredi, j’en ai des crampes d’estomac rien que d’y penser), des douleurs persistantes dans les deux bras (on m’y reprendra, à faire de l’escalade, je te jure) et quelques interrogations quand à l’endroit ou se tenait le fantastique concert de la soirée (Vaise ou Gerland, non mais sérieusement on a pas idée de donner le même nom à deux salles dans la même ville aussi), me voilà au Grrrnd Zero à vingt-et-une heures pétantes. Les concerts au Grrrnd Vaise, c’est toujours un peu particulier quand on arrive, il y a d’abord ce monsieur qui distribue ses flyers à l’entrée avec un enthousiasme débordant (vous avez vu le débit vocal de ce garçon d’ailleurs, impressionnant), l’air de la salle déjà un peu enfumé, mais – encore à peu près respirable (ça ne va pas durer), et puis le lot habituel de têtes connues, qui vous poussent irrésistiblement à la discute et accessoirement à la consommation de ce délicieux breuvage jaune, gazeux et faiblement alcoolisé.
Part Chimp, le groupe qui a la tache délicate d’ouvrir la soirée, est basé à Londres et signé sur Rock Action rds. Le quatuor se présente sous la formation la plus classique qui soit (guitare/chant, guitare, basse et batterie) et les morceaux sont à cette image, pas spécialement originaux, mais c’est appuyé, diablement efficace et somme toute plutôt plaisant à entendre. Le guitariste / chanteur n’a pas l’air tout jeune, on imagine qu’il a déjà un peu de bouteille, quelques années d’expérience et un bon nombre de concerts derrière lui – ainsi qu’une perte d’ouïe conséquente, parce que jouant déjà sensiblement plus fort que ses collègues, il continue de demander au sondier de le monter dans son retour, et ne cesse de se tourner vers son ampli pour en pousser le volume. Au bout des quarante minutes de set, le groupe est bien installé, l’indie rock poussif, enérgique et communicatif est bien en place, et le chanteur couvre copieusement la deuxième guitare avec la sienne – pour peu qu’on se trouve dans les deux ou trois premiers rangs, ou assez proche de la scène. Neil Young style.
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Les Australiens d’HTRK (désormais exilés à Londres) emboîtent le pas. HTRK (abréviation pour « Hate Rock ») se compose de trois membres, de gauche à droite : un guitariste (qui dispose d’un pedal board assez conséquent, et gère aussi les programmations de rythme) ; une chanteuse à la voix diaphane et apathique, rouge à lèvre aguicheur, poitrine ostensiblement dénudée sous sa large veste de costume (ça attire un peu le regard, et pas que le mien je vous assure, j’ai pris le soin de vérifier) marquant les changements de rythme en frappant sur son tom basse avec un maracas (que j’ai peur qu’elle fracasse plus d’une fois pendant leur set) ; et enfin un bassiste droit comme un i, qui bouge le corps mais dont les deux pieds restent immanquablement collés au sol. Pas étonnant finalement, la musique d’HTRK est plutôt monocorde, construite sur une guitare froide et abrasive, élégamment bruitiste : la basse et les boites à rythme maintiennent des accents pop, mais le chant et la guitare se chargent de déconstruire tout ça de façon méthodique et appliquée. Si le son ce soir manque clairement de relief, et de basses, la musique d’HTRK opère un grand charme sur moi et la guitare me fascine, l’anti-attitude des trois musiciens (on comprend maintenant le choix de leur nom), le charisme de la chanteuse et son regard perdu dans le vague, lui aussi, me séduisent – pour autant je comprends facilement que d’autres puissent ne pas adhérer du tout, et basculer dans l’extrême sensation inverse. Encore une fois, si ce ne fut sans doute pas le concert du siècle, je suis vraiment content d’avoir découvert le trio sur scène et même si cela tient plus de l’anecdote, je déplore un peu l’anti-promo de l’organisation sur la présence (imposée par le tourneur il me semble) du groupe sur l’affiche. En ce qui me concerne ce fut plutôt une agréable surprise.
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Il doit être un peu plus de vingt-trois heures quand Fuck Buttons monte sur scène – dommage pour ceux qui rentrent en métro, en plus de s’être pris la saucée en arrivant ils vont rater une partie du concert. Le groupe attaque bille en tête avec « Surf Solar », single dancefloor (entre autres) du nouveau LP Tarot Sport déjà sold out sur la tournée. Le duo est bien rodé maintenant, ça envoie, et il y a un vrai travail de groupe entre les deux bonshommes sur les changements et les enchaînements, c’est agréable de ne pas se trouver devant deux bouffons qui « mixent » chacun de leur coté (qui a gueulé Chemical Brothers?) sans prêter la moindre attention à ce que fait l’autre (encore que ça pourrait fonctionner vu la densité sonore, mais évidemment ce serait beaucoup moins bien). Chez Fuck Buttons il y a un réel travail de composition et d’enchaînement, de structure, on ne s’en rend pas forcément compte sans les voir sur scène ; mais leur musique garde aussi ce coté spontané et festif (le syndrome du poum-poum), et il y a de toute façon dans la fosse bon nombre de gens qui veulent simplement remuer leur cul et leurs bras (moi je ne peux pas, j’ai trop mal), et n’ont que faire de mes prétentieuses considérations de pseudo-wannabe-reporter de concerts. Comme ce type amusant qui hurle « ouaaaaaaais » sans s’arrêter (bon, passe encore – on doit même l’entendre sur la vidéo, mais va savoir pourquoi c’était beaucoup plus énervant en vrai) et dévisage avec un sourire niaiseux les gens qui regardent le concert les bras croisés ou les mains dans les poches (comme moi quoi) alors que lui reste juste assis sur son cul sur le rebord de la scène. J’aime pas ça, dire du mal des gens gratuitement, ma maman m’a toujours dit d’être poli avec autrui (je me suis d’ailleurs longtemps demandé qui c’était celui-là) mais franchement, c’est vrai quoi, pour qui tu te prends, fous moi la paix et laisse moi écouter ma musique peinard sans me sentir obligé de gueuler ou de remuer les bras. Et puis je t’ai déjà dit, je peux pas, j’ai mal.
Coté son, le bât blesse, parce que comme l’a dit avec clairvoyance une de mes connaissances éloignées, « de la dance music compressée et babloche sans son, ça faisait un peu chiasseux ». Les subs du Rail théâtre montrent leur limite ce soir, et après une visite infortunée de la gendarmerie, le son subira encore une petite baisse de régime. Après enquête, il semble qu’un immeuble ayant poussé juste à coté et l’appel de quelque riverain en colère en soient à l’origine, et que le problème s’était déjà produit la veille pendant le concert de Themselves. On assiste peut être à la dernière saison concerts du Rail, la ville ayant apparemment toujours refusé de payer des travaux d’insonorisation (ben quoi, « on connait le refrain »?).
Cette petite mésaventure privera le public de rappel, mais le set de Fuck Buttons nous aura tout de même laissé le temps de constater que les morceaux du nouvel album sont, comme on s’y attendait, beaucoup plus polissés et gentillets. Celà dit la configuration du Grrrnd Vaise s’y trouva tout à fait adaptée, alors que le concert du sonic il y a dix-huit mois gardait, lui, ce coté surprenant, barré, foutraque et confidentiel d’un groupe qu’on découvre, et dont on sait qu’on ne pourra pas le revoir dans de telles conditions. Pour autant, la prestation du duo de Bristol ce soir restera un bon souvenir, mais moins persistant sans doute – en ce qui me concerne – que celui de la découverte d’HTRK sur scène.
cultive ici son addiction à la musique (dans un spectre assez vaste allant de la noise au post-hardcore, en passant par l’ambient, la cold-wave, l’indie pop et les musiques expérimentales et improvisées) ainsi qu’au web et aux nouvelles technologies, également intéressé par le cinéma et la photographie (on ne peut pas tout faire). Guitariste & shoegazer à ses heures perdues (ou ce qu’il en reste).