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Disques

Enablers / Tundra

080920aOyez oyez braves gens, c’est la semaine Enablers, allez, on solde, tout doit disparaître!!! Après l’excellent show des Friscoans (merci Arnaud!) au Sonic mardi dernier, nous voilà désormais tout disposés à apprécier ce nouvel opus. Et malgré la teinte si unique que peut revêtir la musique d’Enablers et cette construction si singulière qui les rend reconnaissables entre mille, tombe comme une évidence cette première constatation: après avoir vu ses membres évoluer dans d’illustres formations américaines, après avoir assuré plusieurs tournées au rythme quasi frénétiques, Enablers sait encore évoluer. Leur amour pour le bon vin leur aurait-il légué sa faculté de s’améliorer en vieillissant?

Car cet album n’a pas moins que tout pour plaire. D’abord cette spontanéité, cette espèce d’urgence qu’on retrouve dans les guitares criardes de Kevin Thompson et Joe Goldring, et dans la voix grave et flamboyante de Pete Simonelli. Ses soubresauts vocaux de crooner, ses hausses de ton qu’on visualise aisément en pensant à ses bras qui s’agitent comme des serpents, les montagnes russes sonores qui les accompagnent et embarquent l’auditeur par surprise à chaque changement de rythme un peu trop brusque; ces ambiances urbaines, délicatement enfumées qui sentent l’alcool et le vieux bois, tous ces ingrédients qui font qu’Enablers est « Enablers » se retrouvent dans Tundra.

La production, elle, se révèle plus brute, moins « finie » certes – l’album est auto-produit – que End Note ou Output Negative Space, mais cela ne nuit en rien à sa qualité et au plaisir d’écoute qu’il procure. Car si ce n’est pas notre confort que le quatuor a recherché, ce n’est pas le sien non plus: travaillant ses ambiances et surtout l’équilibre persistant entre noise alambiquée à la June Of 44 (Goldring a collaboré avec Doug Scharin par le passé, faut il le rappeler) ou Slint (The Achievement, Tundra par exemple), partitions où s’invitent guitares confidentes, (Februaries), claires et entrelacées (Destruction Most of all), voire plans jazzy, comme sur cette étonnante et néanmoins évident reprise de Nina Simone, Four Women (à laquelle la voix de Simonelli sied à ravir), Enablers s’affirme et ajoute de nouvelles flèches à son arc, élargissant tout au long du disque sa palette de couleurs et d’émotions.

Du coté des textes – pour ceux qui auront le courage de s’y intéresser – on retrouve la poésie, le plaisir d’user d’un vocabulaire élaboré se déroulant dans nos oreilles, et qui sur ce point, sans la moindre prétention, suffit une nouvelle fois à élever Enablers au dessus de nombre de ses contemporains. Au final, c’est peut être ce qu’ont réussi les quatre compère avec Tundra: cultiver leur unité sans se soucier des autres, amener leur oeuvre à maturité en lui laissant sa fougue, pour la rendre encore plus singulière; explorer un peu plus loin les chemins sonores qu’ils ont choisi d’arpenter, tout comme les routes qu’ils semblent toujours prendre autant de plaisir à ouvrir.

En écoute: « Tundra »

[audio:https://darkglobe.free.fr/public/music/Enablers_Tundra.mp3]
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