Il y a encore cinq ans je ne connaissais pas les québecois de Montréal Elephant Stone, groupe que j’ai découvert au détour de quelques recherches sur internet. Je dois dire que les propositions algorithmiques ciblées de YouTube ont parfois du bon car j’ai eu de nouveau un véritable coup de cœur, séduit par leur son et leurs mélodies souvent envoutantes. En apprenant leur venue à Paris j’ai alors immédiatement dégainé la carte bleue plus vite que mon ombre !
Créé en 2009 par Rishi Dhir chanteur/bassiste, le groupe a évolué dans l’environnement de cadors comme The Brian Jonestown Massacre ou The black Angels pour ne citer qu’eux concernant la partie récente du spectre musical. Si ils ont bien évidemment été nourris par les 60’s et le début des 70’s, il serait inexact de les réduire au simple statut de groupe néo psyché, en oubliant leur bagage rock indé des 90’s voire pop qui consolide leurs fondements. Et si l’on ajoute à cela du sitar Indien joué par Rishi Dhir dont les origines profondes viennent du Pendjab, on se délecte alors d’un cocktail assez riche, qui fait leur spécificité.
La première partie avait été confiée à Hamada, jeune et très intéressante formation néo-psyché-world de Lille, qui je dois le dire, a relevé le défi haut la main (j’en parlerai dans un autre post), dans une Boule Noire à moitié remplie à ce moment là, puis seulement aux deux tiers pour la suite. Après cette découverte, le set d’Elephant Stone a commencé tranquillement avec Rishi, seul avec son sitar, assis sur une estrade devant nous, pieds nus…dépaysement total…(« voyage, voyage, sur l’eau sacrée d’un fleuve indien…voyage, voyage« )…Aie aie… la mémoire est taquine par moments ! C’était tout simplement immersif et hypnotique. Puis rejoint par ses trois acolytes, le set est monté en intensité, faisant la part belle à leur deuxième album éponyme, sorti en 2013, dont le groupe fêtait la réédition pour ses dix ans, prétexte à cette tournée Européenne. En tous cas, j’ai ressenti un son plus puissant que celui des albums. Un peu moins propre dans le rendu, avec la basse Rickenbaker de Rishi plus punchy et sale. Sa voix aurait pu sortir un peu mieux du mix, mais elle était parfaitement épaulée par un effet d’harmonies vocales, (que j’ai bien repéré et qu’il me faut absolument pour la mienne…mais c’est une autre histoire), et surtout sans quelle ne soit noyée dans des reverbs abyssales. Je le précise car certains groupes dans cette veine ont tendance à en abuser, voir à se cacher derrière. Rishi chante bien, d’une belle voix ce qui permet d’aborder des titres plus rock indé de leur répertoire, avec moins d’artifices, comme « Hold Onto Your Soul » très Teenage Fan Club dans l’esprit, qui s’insère parfaitement avec le reste. Nous avons même eu droit à un titre en français, extrait de l’un de leurs disques, et la primeur d’une nouvelle chanson, »Lost in a Dream » tirée de leur prochain album. Plutôt pas mal.
Le set a alterné moments pêchus, quelques passages de sitar et nappes hypnotiques, pour s’achever dans un déluge contrôlé, d’orgues, mellotron, volutes de guitares réverbées, tape delay and co…Bref, les textures de tout live néo- psyché qui se respecte et avec punch. Une fois les amplis éteints et la salle éclairée, j’ai dévalisé le merchandising ! Merci « vous autres » (avec l’accent québécois), c’était très bien, mais vous mériteriez une salle plus grande ou plus remplie. Allez salut maintenant.
Setlist : Sitar intro /Heavy Moon/Setting Sun/Lost in a dream (nouveau titre)/La Fusée du Chagrin/The Imajinary, Nameless Everybody in the World/Looking Thru Baby Blue/Child of Nature/Sally Go Round the Sun (sitar)/Darker Time Darker Space/The Court and the Jury/Land of the Dead/Hold Onto Your Soul/Love the Sinner, Hate the Sin/A Silent Moment/Don’t You Know/The Sea of Your Mind/The Sacred Sound
photos & vidéo par Olivier Davantès (Dark Globe.fr)
« Musicien d’alcôves tel un Winslow Leach, mais moins torturé (quoi que!) et sans Swan. Musicalement en solo mais avec ses fantômes. Autre expression artistique: Photographie. Couleur : 50 nuances de noir. Drogues indispensables : Rock’n’roll (quelle qu’en soit l’apparence), des mélodies et un peu de style ! «