Nicolas Ker est mort ce 17 mai 2021. Il rêvait d’être le Charles Baudelaire moderne mais son destin le rapproche désormais d’un autre écorché vif du rock ‘n’ roll parisien, Daniel Darc, disparu à l’aube de l’année 2013, à tout juste plus de 50 ans.
Ce demi-siècle semble maudit pour les renégats de la musique, à l’image des faux frères Ramones qui auront péniblement atteint cet âge, canonique pour le rock, avant de s’éteindre en laissant derrière eux un héritage musical bien plus fructueux que de leur vivant.
Souhaitons que l’œuvre de Nicolas Ker suive le même chemin. L’homme n’est plus mais son œuvre demeure. Que cela soit avec ses comparses de Poni Hoax, désormais orphelins, sur fond de musiques électro-rock, ou dans son œuvre en solo, plus intimiste et aux influences anglo-saxonnes évidentes avec laquelle sa voix s’accouplait avec aisance.
Nicolas Ker était un exilé. Né à Phnom Penh et ayant vécu en Afrique dans sa jeunesse, il trouve refuge à Paris où il ne va pas tarder à coucher ses mots sur des ambiances électro-pop tissées par des musiciens tout droit sortis du Conservatoire de la capitale.
Poni Hoax, puisque c’est le nom choisi, est une fusion d’énergie pure et de textes lunaires en anglais, le tout saupoudré par une joyeuse naïveté alcoolisée. Mais l’état de grâce s’arrêtera en 2017 après trois albums, des concerts inégaux et une ambiance foutraque qui n’a pourtant jamais entamée l’amitié des membres du groupe.
Livré à lui-même, Ker explore en profondeur ses addictions et ses variations musicales. Il participe à d’autres projets, sort deux albums en solo et s’acoquine avec l’inclassable Arielle Dombasle l’instant de deux albums où les univers de ces deux êtres, pas si différents, s’entrechoquent de manière à faire même parler les médias les plus aseptisés.
Pour lui rendre hommage, la compagne de BHL (pour qui Ker avait notamment composé des musiques de film) décrira son comparse en ces termes: «Nicolas était le dernier des rockeurs à la voix d’or. C’était la figure même du rockeur au cœur déchiré, du poète incandescent…»
Mais lorsque les maux dépassent les mots, les poètes écorchés modernes ne font plus les fiers. Nicolas Ker restera ce garçon fragile pour qui la littérature, la musique et l’élévation spirituelle n’étaient pas que des raisons à l’autodestruction. D’ailleurs, a-t-on besoin de justifier son mal-être? Ker avait simplement choisi de le magnifier.
Amateur et pratiquant de musiques rythmées et de tout ce qui va vite. A ainsi sévi sur ampli Orange et Strat comme sur vélo de course à trois plateaux en côtes et descentes. Rêve de Formule 1 (pas l’hôtel) sur la Riviera. L’adolescent qui sommeille toujours en lui relit souvent des vieux Rock & Folk.