Ed Wood Jr fait partie de ces formations qu’il est difficile – voire impossible – de cantonner à une seule case – et, au final, auxquelles assez peu de cases conviennent. Un an après son premier long format, Ruban de Möbius, le duo constitué d’Olivier Desmulliez (guitare, claviers, samples) et Thibault Doutriaux (batterie) sort son nouvel album intitulé Silence sur Swarm Records / A Tant Rêver du Roi: s’y déversent pêle mêle noise mélodique , structures mathématiques, post rock alambiqué et percussions diablement efficaces.
On serait bien tenté – et bien mal inspiré pourtant – de ranger Ed Wood Jr au rayon (si tant est qu’il existe) des duos batterie/guitare qu’on connait déjà. Car si la noise frénétique de ces derniers (et surtout leur fulgurantes prestations live) s’appuie bien souvent, en partie, sur l’énergie hors-norme qu’elles dispensent, celle de Ed Wood Jr repose davantage sur un certain groove et une approche peut-être moins complexe des mélodies livrées par les claviers et la guitare. Le tempo prend souvent racine dans une zone médiane, et les variations de rythme ont beau être nombreuses, elle se veulent mesurées – comme si le duo prenait soin de ne pas semer l’auditeur en route. Car l’album ne manque pas d’électricité, oh non, certainement pas (écoutez juste le premier titre « Maila Nurmi », gonflé à la disto, qui s’achève en pure décharge d’adrénaline) ni de cassures de rythmes (les breaks sont foison), mais surtout il est bourré de fun: Il y a ce coté immédiat, ce truc qui instantanément vous remue le cerveau dans tous les sens et vous fiche le tournis à force de vous faire hocher la tête, ce truc même qu’avait le Hangover The Top de Marvin (avec qui Ed Wood Jr partage régulièrement l’affiche, d’ailleurs, me semble t’il). Sans doute, si l’on en croit les dires de ces derniers, le plaisir de jouer cette musique énergique, spontanée, immédiate (ennivrante?) est parvenu à se glisser entre les notes de Silence, et transpire lui aussi à l’écoute de l’album. Spontané, mais pas bâclé pour autant – parce que la production se révèle plutôt léchée (à l’image des From Monument To Masses-esque « Theme 0 », « Walwomen » ou « It In Ut ») et le son de l’album, disons-le, force une certaine admiration. Tout y est: guitares rock pures et dures, blips blips électroniques, frappe de batterie incisive et sèche comme un coup de trique. En somme, un bel effort studio qui se concrétise après un marathon de dates de concerts en 2010 (Allemagne, Angleterre, Espagne, Italie, Belgique et France évidemment). Et puis enfin, le petit détail qu’on prendra plaisir à noter par ici, c’est que le label ATRDR (A Tant Rêver du Roi) s’occupera de la sortie du CD en co-production avec Swarm Records. Qu’on se le dise.
En écoute: « IVCV »
cultive ici son addiction à la musique (dans un spectre assez vaste allant de la noise au post-hardcore, en passant par l’ambient, la cold-wave, l’indie pop et les musiques expérimentales et improvisées) ainsi qu’au web et aux nouvelles technologies, également intéressé par le cinéma et la photographie (on ne peut pas tout faire). Guitariste & shoegazer à ses heures perdues (ou ce qu’il en reste).