Retrouver Dave Gahan et Martin Gore à nouveau clippés par Anton Corbjin tient du vertige nostalgique. Grimés comme deux représentations de la Grande Faucheuse pour une réinterprétation évidente du Septième Sceau de Bergman (mais ici, la Mort en est réduite à jouer aux échecs avec elle-même), ils renvoient directement au spectateur l’image du temps qui défile trop vite et de l’inévitable déclin qui nous rattrape tous. Que ce soit par l’expérience de mort imminente de Dave Gahan, sa tentative de suicide dans les années 90 ou bien tout récemment, le décès d’Andy Fletcher, l’existence de ce qui reste de Depeche Mode semble désormais entourée par le deuil; une thématique résumée tout autant par le titre du futur album Mémento Mori (même si celui-ci aurait été choisi avant la disparition de Fletcher) que par celui du premier single. Pourtant peu ici d’obsessions gothiques pour le sujet ou de rébellion infantilisante, « Ghost Again » a des airs d’abandon stoïque, de marche en avant déjà hantée mais magnifique. Dans cette ambiance funeste et qui pourrait paraître totalement mortifère, ce premier single est donc singulièrement frais et respire une jeunesse retrouvée avec ses boucles de synthétiseurs rétro et son refrain retenu, s’inscrivant sous le mètre étalon d’autres classiques du groupe. Le titre dégage alors un étrange et doux mélange de mélancolie et d’abandon; écho désormais plus si distant de l’inexorable.
Grand consommateur de Baby Carottes et de sorbets au yuzu, j’assume fièrement mon ultra dépendance au doux-amer, à l’électropop bancale et chétive, aux musiciens petits bras ainsi qu’aux formes épurées du grand Steve Ditko. A part cela? Il y avait péno sur Nilmar.