Nous n’allons pas vous la faire à l’envers. Ca fait bien plusieurs semaines que cette reprise de Daftpunk par Daughter est sortie. Alors nous l’avouons, nous nous sentions un chouia coupable de ne vous avoir jamais parlé des Londoniens, de ne pas avoir rédigé la chronique qu’ils méritaient de leur excellent album « If You Leave » ou gratté quelques lignes sur leur élégant et lumineux concert au Café de la Danse. S’il peut sembler un peu pathétique de rattraper, en retard qui plus est, le coup en mettant en avant leur interprétation du tube de l’année, ce « Get Lucky » des Daftpunk entendu en boucle à la radio, c’est principalement parce que cette version ressemble à un ballon d’eau fraiche au milieu de tout ce matraquage. Si le processus de dépouiller un morceau de danse, d’en découvrir la structure n’a en lui rien d’innovant, Daughter met à nu avec un regard froid toutes les ambiguïtés de ce tube, la voix en tremblements de Elena Tonra en révèle la dramatique sous-jacente, son appropriation des paroles en ouvre les perspectives comme autant de points de vue laissant entrevoir que derrière chaque pas de danse se cache un désespoir noir comme le charbon. Entre les pistes étoilées des Daftpunk et le cafard à vif de Daughter, nous avons déjà choisi.
Grand consommateur de Baby Carottes et de sorbets au yuzu, j’assume fièrement mon ultra dépendance au doux-amer, à l’électropop bancale et chétive, aux musiciens petits bras ainsi qu’aux formes épurées du grand Steve Ditko. A part cela? Il y avait péno sur Nilmar.