A première écoute – et première vue – de Summer of Hate, tout premier album de Charles Rowell et Brandon Welchez alias Crocodiles, on ne peut s’empêcher d’avoir une pensée pour celui de The Pains of Being Pure at Heart sorti il y a quelques mois : même visuel monochrome mettant en scène visages expressifs, même énergie lo-fi terriblement efficace et séduisante, même cocktail de sonorités eighties / nineties, même goût ouvertement prononcé pour le psychédélisme un tantinet rétro, romantique et halluciné. Mais les californiens de Crocodiles (avec un nom pareil on les aurait plutôt imaginé en Floride) n’ont pas besoin de comparaison pour tirer leur épingle du jeu…
Les deux disques jouent en effet sur des registres sensiblement différents, même si leur atout le plus fort est indéniablement celui qu’ils ont en commun, celui de tirer sur la corde sensible de la nostalgie. Crocodiles évoque de façon archi-évidente le shoegaze de The Jesus and Mary Chain ou Slowdive, tant par son chant réverbéré que par les nappes de guitares hachées par les trémolos qui posent les fondations instrumentales et rythmiques de ce premier album. Mais le duo y ajoute aussi et surtout, pèle-mêle, des accents post-punk (« Refuse Angels »), de fines touches électro du meilleur effet, donnant une couleur hybride à ses compositions (le très pop « Young Drugs ») ou les rendant particulièrement entrainantes (« Soft Skull ») ; il s’adonne par moments inspirés au glam-rock des early seventies (on repense à un Bowie époque Ziggy Stardust sur « Here Comes The Sky » et son piano, ou au « Nightclubbing » d’Iggy Pop sur « Flash of Light »), et à d’autres à une pop douce-amère et naïve aux tonalités adolescentes – le single « I Wanna Kill », sur lequel leur style rejoint cette fois un tantinet celui des New Yorkais qu’on citait un peu plus haut – et qui justifie à lui seul l’achat de l’album.
De la déferlante de groupes « post-chose », depuis qu’une flopée ont lancé le mouvement – Crocodiles fait partie de ceux qui s’en tirent le mieux : d’abord parce qu’ils sont aussi avides de mélange et d’expérimentations bizarroïdes, et aussi parce qu’on trouve chez ces deux garçons une bonne dose de fraicheur et de spontanéité – en fin de compte nécessaire à l’exercice. A ne surtout pas manquer sur la scène du Sonic le 25 octobre prochain!
En écoute : « I Wanna Kill »
[audio:http://www.indiehipster.com/09 Aug/02%20I%20Wanna%20Kill.mp3]cultive ici son addiction à la musique (dans un spectre assez vaste allant de la noise au post-hardcore, en passant par l’ambient, la cold-wave, l’indie pop et les musiques expérimentales et improvisées) ainsi qu’au web et aux nouvelles technologies, également intéressé par le cinéma et la photographie (on ne peut pas tout faire). Guitariste & shoegazer à ses heures perdues (ou ce qu’il en reste).