Drôles d’histoires que celles de la formation de Civil Civic, et de la rencontre de ses deux membres, Aaron Cupples et Ben Green, et l’ordre peu usuel dans lequel ces deux évènements se sont produits. Ces deux australiens d’origine installés en Europe (Londres pour l’un, Barcelone pour l’autre), mis en contact par un de leurs amis commun, ont commencé à travailler et composer ensemble via internet, en s’échangeant des fichiers, avant même de s’être rencontrés. Ce n’est que pour enregistrer leurs premières démos que les deux membres se sont rapprochés. On attendait Rules, debut album enregistré avec peu de moyens mais non moins réussi, depuis presque un an…
L’album regroupe quelques morceaux (que beaucoup connaissaient déjà) de ces premiers enregistrements – « Less Unless », « Run Overdrive », produits dans la pure tradition DIY, sortis sous le manteau et vendues une bouchée de pain lors des tournées du groupe – présentées sous une nouvelle version, ainsi que de nouveaux titres qui viennent en compléter la tracklist. On y trouve un noise rock énergique, groovy et captivant, aux accents synth-pop et electro vraiment bien ficelés: PVT, Zombi et 65daysofstatic hachés menu et reversés dans les inspirations sonores du duo – ou du trio, comme il se plait lui-même à se décrire en donnant à ‘The Box’, sobriquet affectif que les deux larrons donnent à leur boîte à rythme, la place de véritable troisième membre. Rules jongle habilement entre math-rock jubilatoire et noise mélodique et dansante, tout en maintenant grâce à un son de basse vrombissant (capté via une boite de direct et boosté à la fuzzbox) , des programmations rythmiques rapides et des parties de synthés et guitares mélodiques à souhait. Pas étonnant que les noms les plus illustres fusent quand on parle de parenté musicale: Sonic youth meets Crystal Castles… Le mariage parfait entre noise et electro? Oui, mais pas que. Parce que Civil Civic maîtrise aussi le mid-tempo et les notes distillées au compte-goutte (« Lights On A Leash », « Mayfield ») ou les mélodies pop catchy (« Sky Delay », ou « Grey Nurse » et ses guitares chevauchantes). Mais on s’en fout, de tout çà, parce qu’au delà de toutes ces considérations futiles, ce que Civil Civic parvient le mieux à insuffler dans sa musique, c’est cette bonne grosse dose de fun qui n’appartient qu’à eux, du plaisir véritable qui fait de chacun de ces dix morceaux des tubes en puissance, des pastilles de vitamine qu’on s’enfile dans les oreilles le matin pour se réveiller et se mettre de bonne humeur, et même, pourquoi pas, se mettre du baume au coeur et remuer un peu les fesses en faisant son ménage.
Le groupe sera en tournée en France en novembre, et de passage au Sonic le 14. A ne pas manquer!
Album en écoute intégrale via Bandcamp.
cultive ici son addiction à la musique (dans un spectre assez vaste allant de la noise au post-hardcore, en passant par l’ambient, la cold-wave, l’indie pop et les musiques expérimentales et improvisées) ainsi qu’au web et aux nouvelles technologies, également intéressé par le cinéma et la photographie (on ne peut pas tout faire). Guitariste & shoegazer à ses heures perdues (ou ce qu’il en reste).