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Disques

Cheerleader / The Sunshine Of Your Youth

cheerleader_digital-900x900 Si il y a un jeune groupe au nom juste parfait que nous aurions aimé défendre jusqu’au bout et envers et contre tous, c’est bien celui-ci: Cheerleader soit deux petits gars venus du Connecticut, responsables d’une poignée de singles enregistrés dans la cave de leurs parents avec un simple Garageband. Dépassant le peu de moyens à leur disposition, ils y auront composé trois morceaux (« New Daze », « Dreamer » et « Do What You Want ») au charme à la fois candide et quelque part étrangement désuet; persistant comme une saveur sixties égarée à notre époque qui aurait conservé son optimisme lumineux. Partis sur Philadelphie pour y trouver plus d’opportunités musicales, ils y auront réussi leur pari en y formant un véritable groupe (trois autres musiciens les ont ainsi rejoints) et en sortant au mois de Mai un premier album intitulé The Sunshine of Your Youth produit par Mark Needham (the Killers, Bloc Party); à vue de nez, sans doute pas le potard le plus délicat de la profession donc.
« Perfect Vision », le (tout aussi parfait) premier single electropop de cette nouvelle époque de Cheerleader nous avait étourdi de plaisir mais aussi averti sur les nouvelles capacités et desiderata sonores du groupe: une pop plus mainstream par ici, avec plus de brillant, de densité, de profondeur musicales mais avec toujours un équilibre miraculeux d’hédonisme radieux sans vulgarité. C’est dans cette perspective que le premier morceau historique du groupe, le fragile « New Daze » a été repensé ici de manière plus concentrée. Le titre y gagne en efficacité et dynamisme et perd sans doute un peu en potentiel d’innocence. Mais il n’y a encore rien ici de l’ordre du suicide artistique puisque, comme sur « Dreamer », la légèreté de la composition originelle dépasse des choix de productions parfois un peu clinquants. Néanmoins ce premier morceau, preuve évidente que le groupe désire ouvrir de manière tout à fait légitime son travail à un public plus large que celui de son ancien Bandcamp, démontre déjà l’équilibre précaire de cette musique: entre fragilité des compositions et la tentation d’une production et d’une écriture plus directes et accessibles. Et la déception s’amorce effectivement dès le titre suivant: l’éponyme « Sunshine of Your Youth » plombe avec son refrain pompier décoré de paroles tartes à la crème (“Can you make a promise / to be honest with yourself?”) et la lourdeur de son Americana stylistique. Cette formule bouffie se décline sur quasiment l’ensemble des nouveaux morceaux, ceux-ci souffrant en conséquence des mêmes handicaps: « On Your Side » est lesté d’évidences mélodiques poussives et fatiguées tandis que « Quiet Life » ou un « A Million Ways » franchissent les Rangers aux pieds la frontière tenue entre le naïf et le carrément niais pour finir le sabordage en cours avec leurs paroles bien pataudes (« I’m a slug / I’m a wreck / if you like me like that it’s okay / how could I complain? »). Autant de défauts dont semblent exempts les morceaux plus anciens, flottant toujours dans une jolie impesanteur (peut-être celle de notre propre souvenir enamouré) et la gracile et délicate conclusion du disque: un « Little Bird » comme balade acoustique introspective et dépouillée qui n’a pas besoin de se forcer pour plaire.

Sans être jamais véritablement catastrophique ou forcément désagréable, la pop de The Sunshine of Your Youth a un goût finalement assez uniforme et peu excitant. Le groupe semble s’être perdu quelque part, avoir emprunté la voie la plus facile ou celle qui lui semblait la plus directe vers le succès quitte à forcer son écriture, à grossir le trait. Ou peut-être que les lumières de Philadelphie étaient juste un peu trop vives.

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