Si écrire une chronique de disque avec plus de deux ans de retard ne nous jette plus dans un abime de turpitudes depuis belle lurette chez DarkGlobe, rédiger celle-ci la veille de la sortie du nouvel opus (Melodrama sortira le 16 Octobre) du musicien représente une grande première pour ce webzine et une avancée appréciable sur notre échelle de la honte de petit chroniqueur de galettes. VHS sorti en 2018 est donc le second album de Josh Hwang, jeune musicien de Brooklyn (where else?) caché sous le pseudonyme de Castlebeat (une association de mots sans aucun doute enfantée par un Captcha à l’inventivité modérée) et fondateur de son label Spirit Goth.
La recette de VHS est connue et archi connue. Elle s’étalonne à l’aune des premiers disques de Beach Fossils, Wild Nothing, DIIV, eux-mêmes héritiers d’un post punk anglais des années quatre vingt. Mais si tous ces groupes majeurs de Captured Tracks ont depuis changé de style (à l’écoute des extraits de son nouvel album, Hwang semble d’ailleurs avoir lui aussi choisi de se renouveler stylistiquement) de manière parfois plus ou moins heureuse, Castlebeat livre ici un disque où tous ces principes du genre se retrouvent: jangle guitares, rythmiques martiales, boîtes à rythmes défaillantes, voix graves et rêveuses (sur « Video Tape »), mélodies bien accrocheuses et directes, morceaux réduits à l’essentiel, produits sous le principe d’une bedroom pop artisanale et à l’économie chiche. Quel intérêt alors de sortir un tel objet voire même de l’écouter alors que le genre a depuis trépassé sans avis de décès dans l’épiphénomène qui l’avait vu naître? Il faut donc sans aucun doute avoir le goût du désuet pour apprécier VHS, cette collection de chansons maigrichonnes mais malgré tout plus craquantes les unes que les autres. Intituler l’album VHS est d’ailleurs déjà une déclaration de foi. Car c’est bien ici la nostalgie adolescente (tendre « I Follow ») qui est mise au centre du propos avec une naiveté désarmante et dont l’honnêteté ne fait aucun doute. Alors évidemment le spectre musical de l’album ne s’étend pas sur une large palette mais pourquoi bouder son plaisir alors que chaque morceau, à l’exception peut-être de l’instrumental « Research » en introduction, pourrait être un single (« Wasting Time » et « These Days » en tête de gondole) à rendre jaloux The Drums avec notamment un « Tennis » très surf pop? Et c’est bien cette euphorie régressive et courte comme il faut (l’album ne fait que 31 minutes), loin de toutes autres préoccupations critiques qui devrait dominer chez l’auditeur à l’écoute de VHS. Mais si, malgré tout, nous devions replacer ce disque dans la minuscule, obscure et inutile histoire de la bedroom pop et en proposer une analyse en perspective des groupes cités plus hauts dans cette chronique, nous oserions sans doute professer que VHS symbolise la conclusion de ce revival musical rachitique. A tel point que la question se poserait de savoir s’il est vraiment nécessaire de désormais rajouter quoique ce soit à ce sujet. Comme si tout était maintenant dit, résumé, inventorié sur ce petit disque de rien du tout et que VHS en représentait le point final, à la fois discret et enchanteur.
Grand consommateur de Baby Carottes et de sorbets au yuzu, j’assume fièrement mon ultra dépendance au doux-amer, à l’électropop bancale et chétive, aux musiciens petits bras ainsi qu’aux formes épurées du grand Steve Ditko. A part cela? Il y avait péno sur Nilmar.