Rien de tel qu’une info bien sympa et utile pour débuter une chronique: le plus grand crocodile du monde en captivité s’appelait Lolong, mesurait 6 mètres 20 et a bel et bien été capturé aux Philippines. Difficile de savoir si les jeunots des CaÏman Philippines se sont inspirés de cette histoire pour baptiser leur groupe ou s’ils rêvent d’un billet d’avion en direction des Iles CaÏman avec stopover aux Philippines; toujours est-il que si comme moi, vous avez la phobie des grands reptiliens, vous y réfléchirez à deux fois avant de remettre les pieds dans les iles du sud-est asiatique. Cependant, à l’écoute de l’electropop aux influences bien disco funk du quatuor, on imagine que c’est plutôt le climat torride de ces destinations exotiques qui a construit la musique des garçons : une chaleur propice à activer la libido et à pratiquer la bascule sur le sable en mode pornovision.
Parce qu’avec ses lignes de basses dans un registre boulards période Boogie Nights, la musique du groupe disperse tout autour d’elle des phéromones bien lascives et plutôt chaudes du cul. Dans cette atmosphère lourde de sous-entendu, la musique ressemble à un magasin Hollister tant tout y est absolument trop bien foutu. Les bonhommes sont diplômés de musicologie et cela s’entend: la mise en place est technique, millimétrée avec pour objectif final de rafraichir les petites culottes et tendre les caleçons. Inconvénient majeur et récurrent pourtant: la voix, souvent agaçante avec sa tendance à en rajouter, débouche régulièrement sur une demi molle. D’ailleurs, Hervé Bodilis, esthète pornographe et spécialiste des grosses chaleurs chez Marc Dorcel le sait bien: un trait de maquillage trop appuyé et tu flirtes bien trop dangereusement sur la ligne de démarcation entre le chic et le clinquant. De par ici, sans toutefois privilégier le gonzo, nous n’aimons pas trop le brillant pour l’épate et en conséquence, c’est bien entendu l’instrumental « Sperne » qui récupère les faveurs de nos ch’tites oreilles avec son registre effleurant du bout de l’hypophyse le hard bite. Brigitte Lahaie n’est pas la dernière à l’expliquer: pendant la copulation, il faut apprendre à respirer, jouer les préliminaires et accélérer le rythme au bon moment avant de décocher le coup de grâce. Dans ce registre, « Sperne » apparait comme un expert en la matière. Pourtant ceci est largement ignoré sur le remix de Eidn qui lui préfère la transpiration sportive et le piétinement jouissif des pistes de danse. En ce qui concerne « Glorious Fall », TOTALMESS le ralentit avec beaucoup de doigté pour l’envelopper d’un flou hamiltonien qui favorise la position couchée mais toujours serrée et Grisbi efface complétement les bouffées de sensualité du morceau pour le recomposer en disco space pop song psychédélique, glaciale comme une étreinte en apesanteur d’un C3-PO défoncé; symboliquement, le refrain et le chant se retrouvent mêmes confinés dans le dernier sas d’oxygène tout au bout de la navette spatiale.
Il y a évidemment du talent, du savoir-faire dans le son sensuellement festif des Caïman Philippines et ils devraient pouvoir se faire une place sur la scène d’électropop française sans trop de difficulté. Même si on peut leur reprocher de parfois préférer la virtuosité pour le geste et les grosses ficelles à la finesse et la délicatesse, c’est sans doute le prix à payer lorsque l’on a passé le stade de la dragouille, des regards enamourés pour privilégier directement le plan cul de l’instant. Mais finalement, ils ont tout le reste de leur vie pour découvrir le romantisme.
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Grand consommateur de Baby Carottes et de sorbets au yuzu, j’assume fièrement mon ultra dépendance au doux-amer, à l’électropop bancale et chétive, aux musiciens petits bras ainsi qu’aux formes épurées du grand Steve Ditko. A part cela? Il y avait péno sur Nilmar.