Les bastiais de BERTHE, que nous avions interviewés en janvier, viennent de publier Polarité, lp d’electro-pop aux franches influences clubbing – New Order, Poni Hoax, Kraftwerk – diffusé par le label de Haute Corse Lake Of Confidence. L’album qui est livré avec une paire de lunettes colorant de rouge et bleu notre vision du monde et modifiant l’image d’un énigmatique félin tracée sur une pochette d’un blanc non immaculé ( à dessein on s’en doute), est fidèle à ce que nous en avaient dit Olivier Bertholet (voix, trompette, claviers) et les musiciens du groupe.
Chaque titre nous plonge ici dans un groove entêtant, au beat aussi fondamental que central, les ornements musicaux des instruments tournant ou cheminant autour de cet axe fort. La voix de Bertholet, souvent distancée, nous narre en français et en anglais, des aventures désabusées à l’instar de celle de « Amours Analogues ». « Like you » sonne comme du Depeche Mode tout juste un peu moins grave, et « 1994 » ne refreine pas un propos dont on perçoit les formes sombres, ainsi qu’une émotion qu’on a voulu rendre persuasive. Mais BERTHE n’est, in fine, jamais aussi convaincant que sur des titres comme « Baobab Bifteck », « Coquetteries Modulaires » ou « Golo » (du nom d’une longue rivière corse), pièces purement instrumentales sans pathos, taillées pour le dance floor. Le quatuor y convoque Giorgio Moroder, John Robie, Arthur Baker ou Fat Boy Slim, pour de purs moments de dance cérébrale et hypnotique. C’est sans doute là qu’on trouvera son point fort, lequel devrait prendre sur scène toute son ampleur.
Peintre et guitariste, adepte de Telecaster Custom et d’amplis Fender. Né en 1962 – avant l’invention du monde virtuel – pense que la critique musicale peut-être un genre littéraire, objet idéal pour un débat en fauteuil club millésimé.