Il y a, chez Dark Globe, assez peu de groupes français dont on arrive à apprécier la musique – au sens « français », comprendre qui chante dans la langue de Molière – par snobisme inavoué, ou parce qu’on a pris de trop mauvaises et stupides habitudes à associer les mots ‘crédible’ avec ‘anglosaxon’ ; mais avec leur maîtrise de la formule, les Marseillais d’Aline font incontestablement partie des exceptions. Depuis la sortie de leur premier album Regarde Le Ciel (chroniqué dans nos pages), le succès du tube interplanétaire « Je bois et puis je danse » leur a apporté une mise en lumière amplement méritée. Avec un nouveau disque intitulé La Vie Electrique, le quintette compte bien transformer l’essai.
Et il faut lui accorder qu’il est bien parti : si on retrouve sur « Avenue des Armées », dès les premiers accords d’Arnaud Pilard, les six cordes familières de Johnny Marr (c’est Stephen Street qui a produit l’album, oui oui, le monsieur qui a enregistré les Smiths dans les années 80), il serait faire peu d’honneur à Aline que de limiter son travail à celui d’une imitation pâlichonne. Le groupe a bien étoffé sa palette depuis son premier opus, et s’aventure maintenant sur des chemins inattendus : le dub-esque et quasi-instrumental « Plus Noir Encore » et sa ligne de basse hypnotique, le punk musette de « Promis Juré Craché » (plein d’humour, l’autodérision est une qualité qu’on apprécie par ici), la mélancolie doucereuse de « Les Mains Vides », qui revisite les codes de la variétoche 80’s avec tendresse sans jamais tomber dans la mièvrerie. Et plus encore que son savoir-faire, ce qui séduit chez Aline, c’est cette dose de second degré fièrement assumée, cette pointe de nostalgie rétro figée dans une photo prise hier, avec un smartphone (et sans filtre instagram, soyons sérieux)… Sans oublier la maîtrise du rythme qui devrait parvenir sans trop d’efforts à vous faire remuer l’arrière-train : Aline est en concert ce soir, vendredi 9 octobre au Marché Gare.
La première partie sera assurée par The Rebels Of Tijuana.
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cultive ici son addiction à la musique (dans un spectre assez vaste allant de la noise au post-hardcore, en passant par l’ambient, la cold-wave, l’indie pop et les musiques expérimentales et improvisées) ainsi qu’au web et aux nouvelles technologies, également intéressé par le cinéma et la photographie (on ne peut pas tout faire). Guitariste & shoegazer à ses heures perdues (ou ce qu’il en reste).