J’entretiens de plutôt bons rapports avec Golden Antenna, ce petit label allemand à qui l’on doit les sorties passionnantes de Daturah, A.Armada ou encore les éditions européennes de Maserati et From Monument To Masses (rien que çà). Il faut dire que j’ai rarement été déçu par leur catalogue, c’est donc avec un enthousiasme non dissimulé que j’ai déchiré l’enveloppe bulpak dans laquelle on m’a envoyé le premier disque de Airpeople, nouvelle signature du label. Artwork séduisant, album conceptuel, et surtout un passif plutôt impeccable coté maison mère – voilà qui prédit du tout bon.
La première écoute est pourtant mitigée : les quatre allemands d’Airpeople (le groupe est basé entre Cologne et Hambourg) distillent un rock instrumental, chiadé certes – ce n’est pas ici qu’on va dire le contraire – mais qui peine à marquer : pas vraiment post-rock, pas vraiment math-rock, pas vraiment pop, mais frileusement un peu tout ça à la fois. Chaque titre du disque porte fièrement le nom d’une grande ville (« Amsterdam », « Denver », « Saigon », « Le Mans » – ??? – le groupe serait il amateur de rillettes?) et appelle l’esprit à une invitation au voyage plus qu’évidente, nous laissant imaginer des envolées épiques, des montées en puissances grandiloquentes et burlesques (j’aime bien le burlesque) à la Explosions In the Sky ou If These Trees Could Talk (dont ma foi je dois bien être l’un des derniers amateurs encore vivants, si j’en crois le nombre croissant de webzines pourfendeurs de rock à pathos). Pourtant, et c’est bien dommage, The Golden City nous laisse plutôt plaqués au sol, pauvres témoins de bien jolies démonstrations techniques certes, mais qui inspirent autant l’envie de voyage qu’un billet SNCF seconde classe périmé depuis six mois. Et non remboursable (évidemment).
Malheureusement, on reste prisonnier de cette constatation douloureuse, qui ne fait que se confirmer par les écoutes suivantes, et empêche tout simplement d’apprécier le disque à sa juste valeur. Parce qu’il en a quand même, de la valeur : les compos sont originales, le son est énorme, la production n’est pas en reste, et le quatuor montre une maîtrise du rythme plutôt impressionnante – mais ça me fait mal de le dire, tout ça manque cruellement d’âme, de groove, d’une véritable énergie, de quelque chose qui donne envie quoi! Et irrémédiablement, très rapidement, on s’ennuie. Pas d’un ennui mortel, loin de là, car certains exercices de styles sont plutôt réussis dans leur genre, lorsque c’est la carte de la technique et de la maîtrise qui reste assumée et ouvertement mise en avant (« Golden City », le titre d’ouverture). Le reste du temps, Airpeople s’éparpille, et se perd. On peut leur reconnaître l’ambition du mélange des styles – mais ça ne suffira pas pour cette fois. The Golden City reste un assez bon disque, mais le niveau est loin de ce à quoi Golden Antenna nous a habitué. C’est ce qui s’appelle être victime de son succès.
En écoute : « Golden City »
[audio:http://www.airpeople.de/s089a8d0s9s8s9d980as8d8as0d98as90a8s8as09d8da0d8a0sd8a0s8as8da0s89ad79a8sd09as/Airpeople-Golden_City.mp3]cultive ici son addiction à la musique (dans un spectre assez vaste allant de la noise au post-hardcore, en passant par l’ambient, la cold-wave, l’indie pop et les musiques expérimentales et improvisées) ainsi qu’au web et aux nouvelles technologies, également intéressé par le cinéma et la photographie (on ne peut pas tout faire). Guitariste & shoegazer à ses heures perdues (ou ce qu’il en reste).
Lionel
du coup la véracité de ma première affirmation risque d’en prendre un petit coup :lol:
ArnD
hein ?
Lionel
Rien, je dis des bêtises