A Place To Bury Strangers arrive en cette rentrée avec la lourde tâche de donner suite à un premier disque qui lui a valu le sobriquet de « Loudest band in New York« , et qui a suffi, à l’aide de concerts bien envoyés, à assoir la renommée du groupe et un joli buzz autour de lui. C’est donc avec une petite appréhension qu’on se plonge dans l’écoute de Exploding Head. Mais les craintes sont vites dissipées, dès les premières notes on retrouve tout ce qui nous a plu dans APTBS : l’énergie syncopée, épileptique, le son crachard des guitares passées à la moulinette des effets bricolés d’Oliver Ackermann, les boîtes à rythme poussées à leur limite…
Avec ses dix titres pour une durée totale de moins de quarante minutes, Exploding Head est un train lancé à grande vitesse. Jamais le tempo ne ralentit : on est pas là pour faire dans la ballade acoustique messieurs dames, il faut que ça envoie, et sévère. Dans un élan frénétique, le trio déverse envolées shoegaze, psychédélisme convulsif, basses saturées, crachats noisy et distordus à coups de pédale wah « maison », paraphrasant aussi bien My Bloody Valentine et The Jesus and Mary Chain que New Order (« Lost Feeling », « Keep Slipping Away »). Du coté mélodique, ça pioche dans les sixties (« Deadbeat », dont le riff de guitare rappelle étrangement celui du tube des Kinks) comme dans les deux décennies suivantes, certes de façon plus évidente par les allusions à Joy Division (« Exploding Head », retour express sur le dancefloor d’un club miteux des années quatre-vingt) ou la voix plaisément apathique d’Ackermann. La richesse mélodique de chaque morceau en fait un tube potentiel, il n’y a absolument rien à jeter sur cet album, chaque minute en est enthousiasmante.
Finalement, Exploding Head ne souffre que de son petit complexe de second album : il ne surprend pas vraiment, et alors que l’éponyme fut en son temps un gros pavé dans la mare, lui n’éclabousse pas bien plus loin que son prédécesseur. Loin pour autant de se répéter, A Place To Bury Strangers fait preuve d’une production plus soignée (mais pas excessive), et d’une cohérence d’album que le premier disque – qui était en fait une compilation de faces B et de raretés – n’avait pas. On sent aussi un réel progrès dans l’art de combiner un noise rock totalement décomplexé, et des pop songs aux mélodies et aux ambiances ennivrantes. Peu de groupes peuvent se vanter d’avoir fait aussi bien! Les petits gars d’APTBS confirment avec ce deuxième essai tout le bien qu’on pensait déjà d’eux. Et c’est pas peu dire.
En écoute: « Exploding Head »
[audio:https://www.darkglobe.fr/wp-content/uploads/2009/08/aptbs-explodinghead.mp3]cultive ici son addiction à la musique (dans un spectre assez vaste allant de la noise au post-hardcore, en passant par l’ambient, la cold-wave, l’indie pop et les musiques expérimentales et improvisées) ainsi qu’au web et aux nouvelles technologies, également intéressé par le cinéma et la photographie (on ne peut pas tout faire). Guitariste & shoegazer à ses heures perdues (ou ce qu’il en reste).
Haz
une seule date française pour la prochaine tournée européenne du groupe : le 19/11 à Paris
Lionel
Sa mère!
ils ont pas du kiffer le CCO…
gerald
…les groupes hypes snobbent toujours la province…
Haz
fallait s’y attendre Lionel, APTBS ça va devenir un peu trop gros pour les villes de paysans… ils reviendront dans quelques années, lorsque le soufflé sera retombé et s’ils existent encore à ce moment là