Je me suis posé la question de savoir si c’était acceptable sur un plan éthique de faire ici l’éloge d’un groupe que je connais personnellement – mais avec le recul, ayant découvert leur musique avant de rencontrer les amis que sont devenus les trois gars de La Diagonale Du Fou, je ne vois aucun problème à vous pousser un peu à les découvrir…
J’ai donc rencontré ce trio parisien à l’occasion de la tournée que nous avons fait en mai dernier, avec mon groupe FoR ThE ChOSen FeW. La Diago était programmée le même soir que nous à Strasbourg, et ils ont eu le réflexe sympa de nous envoyer un mot, un simple « salut, on est content de jouer avec vous »…Quoi de plus sympa après quelques échanges de mails, puisque le courant semblait, passer de les inviter à jouer à Lyon?
C’est donc tout à fait par hasard que je me suis penché sur leur 6 titres, La forme du vent. La Diagonale du Fou joue un rock hybride, instrumental, couillu on peut dire – mâtiné de samples ou s’entrecroisent gémissements et bruits bizarroïdes: et si au niveau des structures et des enchaînements, on est très proche du math-rock, les paysages sonores qu’explore le trio seraient plutôt à rapprocher d’un hardcore sombre et déjanté: l’ombre des premiers Primus n’est jamais très loin. A ce propos, difficile de ne pas voir l’influence et les similitudes entre le jeu de Tim Alexander et de Stéphane à la batterie. La double pédale n’est pas la pour rien, et les roulements claquants et secs comme des coups de trique rappellent aussi par moments la puissance de Helmet, moins tranchante et saccadée cependant, allant toujours vers des ambiances plus mélodiques. Une basse aigüe, acérée, vient assister la section rythmique, tout en s’amusant à seconder les parties des guitares, où l’on joue beaucoup avec les harmoniques: le marshall doit cracher ses tripes. Le delay est là pour donner au tout un coté atmosphérique lorsque les accalmies le demandent, un peu comme chez Harriet Tubman, ce groupe de jazz-rock progressif que j’avais vu à Vienne et qui m’avait laissé sans voix (c’est le moment de le dire).
Plutôt sympas, donc, les références que le trio évoque à l’esprit. Pour autant, La Diagonale du Fou a sans conteste son style propre et une identité forte – ce que beaucoup de « petits » groupes (entendre par là groupes non signés) pêchent à développer. Pour les avoir rencontrés, ils ont aussi la foi, une certaine vision de la musique que je partage avec eux. Je leur souhaite donc toute la réussite qu’ils méritent – et si vous voulez les y aider, n’hésitez pas. La Forme du Vent est en vente sur leur myspace pour un prix dérisoire.
En écoute: « Via »
[audio:https://darkglobe.free.fr/public/music/LaDiagonaleDuFou_Via.mp3]cultive ici son addiction à la musique (dans un spectre assez vaste allant de la noise au post-hardcore, en passant par l’ambient, la cold-wave, l’indie pop et les musiques expérimentales et improvisées) ainsi qu’au web et aux nouvelles technologies, également intéressé par le cinéma et la photographie (on ne peut pas tout faire). Guitariste & shoegazer à ses heures perdues (ou ce qu’il en reste).