Voici déjà quelques mois, on avait évoqué les Pale Spectres, à notre connaissance le groupe parisien le plus à même de ressusciter l’esprit Sarah Records sans recourir au vaudou. Leur premier EP Helen of Troy est sorti voici quelques jours. Sur la pochette, la photographie d’un visage d’une statue de profil déclinée en filtres de couleurs évoque l’album Technique de New Order (un bon truc pour me plaire), comme un indice sans doute plus temporel que stylistique de ce que l’on pourra découvrir à l’écoute. C’est le morceau éponyme du EP, « Helen of Troy « , qui ouvre le bal. Avec son refrain imparable et ses regards en coin à un Field Mice période « Emma’s House », la boîte à rythme en moins, celui-ci a tout d’un solide classique indie pop instantané. Les deux chansons suivantes (« Everything » et « I Know We’re Special ») persistent dans le même veine et renforcent en consistance la substance artistique de la galette mais, mêmes très agréables, restent moins immédiates et addictives. Si, l’an dernier, nous nous inquiétions (déjà!) de l’évolution des Pale Spectres tant la possibilité de se laisser enfermer et de finir par tourner en rond dans ce style musical si spécifique était importante, le dernier morceau du EP « Come On, Let’s Dance », avec son côté hymne pour les pistes de danse riquiqui des indie-poppeux semble dessiner un début de réponse : plus enjoué et ludique que le reste, quasi-festif sans toutefois perdre son identité… Soupir de soulagement, il reste suffisamment d’inspiration sous la pédale du groupe .
Ce qui continue à surprendre, et spécialement de la part d’un groupe français, c’est ce soin à s’imprégner autant d’une culture musicale si spécifique et à suivre scrupuleusement la ligne directrice et nostalgique de la jangly indie pop des années 80 : voix indolente et volontairement sous mixée, guitares lumineuses, mélodies directes et évidentes, délibérément naïves jusqu’à parfois se rapprocher de la ritournelle (particulièrement « I Know We’re Special »). Vingt cinq ans plus tôt, le EP des Pale Spectres aurait sans aucun problème pu se faufiler au milieu du catalogue Sarah Records. Mais même aujourd’hui, Helen of Troy est réalisé avec tant de soin, d’humilité et d’affection manifeste pour le son de l’époque que les Pales Spectres évitent avec talent et sans difficulté le réchauffé. Au contraire, avec cet EP, ils soufflent une douce bouffée de fraicheur musicale sans prétention.
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Grand consommateur de Baby Carottes et de sorbets au yuzu, j’assume fièrement mon ultra dépendance au doux-amer, à l’électropop bancale et chétive, aux musiciens petits bras ainsi qu’aux formes épurées du grand Steve Ditko. A part cela? Il y avait péno sur Nilmar.