Après l’interview du début d’année avec le groupe et l’annonce du nouvel album, j’étais pourtant aux aguets, guettant du coin de l’oeil tel le physionomiste particulièrement vigilant d’un club VIP, la sortie d’un nouveau morceau des norvégiens de Flunk. Toujours est-il que j’ai du tourner la tête au mauvais moment, partir me soulager lorsqu’il ne le fallait pas, me laisser traîtreusement distraire, être avalé (à l’insu de mon plein gré, bien évidemment) dans une faille spatio-temporelle puisqu’avec près de trois semaines de retard, j’ai bel et bien raté les débuts du streaming de « Queen Of The Underground », le dernier single en date de Flunk. Bien décidé à rattraper en une après-midi ma coupable négligence, me voici donc en mode lecture en boucle pour déguster la nouvelle douceur glacée concoctée par les norvégiens.
Résultat des courses, « Queen of the Underground » étonne avec ses choix de production sensiblement éloignés de la recette du Flunk classique : une simple boucle d’électro pour une ouverture de plus d’une minute trente, une atmosphère rock avec des guitares désormais agressives et une rythmique mise en avant. En conséquence, le style des norvégiens perd en fragilité ce qu’il gagne en précision mais ne perd heureusement pas son identité pour autant. On retrouve l’étrange sensualité de la voix de Anja Oyen Vister, toujours aussi hypnotique dans son indolence, les gimmicks musicaux (les choeurs masculins), la noirceur mélancolique résignée si caractéristique du groupe.
Sans vraiment savoir si cette évolution est annonciatrice du nouvel opus qui doit sortir au mois d’Avril ou si « Queen of the Underground » restera un one-shot stylistique, le morceau rassure d’abord par son éloignement de cette morosité électro-acoustique sur lequel Flunk avait (un peu trop) tendance à s’enliser sur ses derniers albums et confirme ainsi le désir du groupe de se renouveler. Et c’est dans sa composition protéiforme, sa prédisposition intrinsèque à la mutation (les remixes qui accompagnent le single qui doit sortir le 19 novembre s’aventurent sans forcer le trait vers une dance ou un chillout pour les régions polaires), et sa facilité à délicatement congeler le palpitant dans une émouvante tension qu’il finit de fasciner.
Grand consommateur de Baby Carottes et de sorbets au yuzu, j’assume fièrement mon ultra dépendance au doux-amer, à l’électropop bancale et chétive, aux musiciens petits bras ainsi qu’aux formes épurées du grand Steve Ditko. A part cela? Il y avait péno sur Nilmar.