Voici quelques années, des chercheurs américains ont émis l’hypothèse que les neurones de la nostalgie se trouvaient sans doute dans une zone délimitée du cerveau appelée le cortex preéfrontal médian. Et cela fait maintenant plusieurs semaines que je m’aperçois que les Pale Spectres ont tendance à débouler façon skate board sans genouillères dans cette partie de mon bulbe. Ultra référencé avec leur nom emprunté à un morceau de The Wake et leurs chansons catchy qui glisseraient sans chausse-pieds dans le catalogue Sarah records, le quatuor vient pourtant de Paris et comporte notamment dans son line-up Hot Ma, dont le morceau « Home » était présent sur la compilation téléchargeable Beko 100 ; un titre qui louchait déjà de manière particulièrement ostentatoire vers les légendaires Field Mice.
Après une démo de deux morceaux écoutables sur leur Soundcloud et à peine deux concerts (au Pop In et au Limoges Pop Fest), le premier EP des Pale Spectres, enregistré au mois de Mai, devrait sortir à la rentrée. En attendant celui-ci, un premier extrait intitulé « Helen of Troy » est téléchargeable gratuitement sur leur site web depuis quelques jours. Malgré des textes parfois un peu faciles (« I know that it wasn’t funny, I know that I acted silly but you drove me so crazy » ; m’enfin, c’est de la twee pop après tout), le morceau séduit par sa pureté poppy, ses mélodies accrocheuses comme il faut, l’indolence de son chant et sa mélancolie adolescente et rêveuse. Avec leur naïveté assumée et leurs sonorités lumineusement évidentes, il y a chez les Pale Spectres, étrangement encore plus que chez leurs grands cousins d’outre-atlantique (les Beach Fossils ou The Pains of Being Pure at Heart) une proximité presque anachronique mais sincère et manifeste avec la matrice originelle, déjà vieille de vingt cinq ans, d’une idée très précise de l’indie pop rosbeef. C’est l’atout charme et emballant de ce groupe mais aussi, peut-être, son principal handicap pour le futur.
Grand consommateur de Baby Carottes et de sorbets au yuzu, j’assume fièrement mon ultra dépendance au doux-amer, à l’électropop bancale et chétive, aux musiciens petits bras ainsi qu’aux formes épurées du grand Steve Ditko. A part cela? Il y avait péno sur Nilmar.
Pale Spectres / Helen of Troy
[…] déjà quelques mois, on avait évoqué les Pale Spectres, à notre connaissance le groupe parisien le plus à même de ressusciter l’esprit Sarah […]