Dans cette partie récemment rénovée des bureaux de DarkGlobe tout en hauts plafonds, marbre noir et robinets en or, on avoue que l’on ne s’embarrasse jamais de cacher nos faiblesses pour certains jeunes groupes que nous chérissons d’un air protecteur. Juste à vue de ce nez que j’ai particulièrement long, j’en renifle au moins trois à qui je pourrais excuser beaucoup: un album faiblard, quelques ratés mélodiques, un goût prononcé pour les endives au jambon ou une tendance déraisonnable à la cocaïne ruinant la créativité. Heureusement rien de tel pour l’instant avec Cheerleader, duo honteusement méconnu mais pourtant géniteur du 45 tours de l’année 2011 pour votre serviteur. Afin de rétablir cette injustice auprès de nos 219 lecteurs, nous leur avions même consacré un article et une interview.
C’était donc avec une impatience saupoudrée d’un soupçon d’anxiété que l’on attendait des nouvelles du jeune groupe de Hartford, Connecticut. Seront-ils capable de renouveler leur exploit ou, terrifiés par l’enjeu, déposeront-ils les armes pour se reconvertir dans le R’n’B, voire pire nous pondront-ils un morceau médiocre, comme une vieille photocopie noir et blanc de leur inspiration passée, coincée dans un Xerox?
La réponse est tombée hier avec « Do What You Want », face B d’un « New Daze » ressorti pour l’occasion en vinyle, et chez Turntable Kitchen dans un package regroupant des recettes de cuisine d’ingrédients séchés et un lien pour télécharger une mixtape. Idée que je trouve tout à fait ingénieuse. Et je ne plaisante même pas.
Mais quid du morceau de Cheerleader, donc? Une once de rock en plus (on s’autorise quelques coups secs de guitares et un « yeah »), entraîné par une mélodie sifflée, plus terre à terre que ses illustres prédécesseurs, il arrive toujours avec ses moyens DIY à proposer des compositions riches et denses pour creuser le sillon d’une pop touchante dans toute la fragilité et la simplicité des émotions révélées, ondulant entre mélancolie dansante et l’amertume de la désillusion amoureuse. Le « You Should Do What you Want » en mode repeat qui clôt le morceau devant être envisagé comme un renoncement et non pas une déclaration de liberté.
Alors, si j’en crois le sourire qui orne mon visage à chaque écoute ou mon étrange tendance à siffloter la mélodie devant mes collègues de boulot, la mission est à nouveau remplie pour Cheerleader. Reste donc une envie encore plus forte de les écouter sur un format plus long voire de les attraper un jour en concert.
En écoute: « Do what you Want »
Grand consommateur de Baby Carottes et de sorbets au yuzu, j’assume fièrement mon ultra dépendance au doux-amer, à l’électropop bancale et chétive, aux musiciens petits bras ainsi qu’aux formes épurées du grand Steve Ditko. A part cela? Il y avait péno sur Nilmar.