Catalogués de façon un tantinet réductrice dans la case « post-rock », sans doute davantage à cause des visuels très soignés de leurs artworks et de leur démarche pour le moins anti-commerciale, que de leur musique à proprement parler, Rien a dévoilé en juillet dernier son nouveau disque, Il ne peut y avoir de prédiction sans futur – également internationalement baptisé There can’t be any prediction without future. Ce groupe grenoblois a déjà fait parler de lui en 2003 lors de la sortie de son premier album, et depuis lors de prestations scéniques remarquées.
Il y en a, des choses à dire, sur ce disque et sur ses auteurs. D’un point de vue strictement musical, Il ne peut y avoir de prédiction sans futur est un riche patchwork de styles, d’ambiances et de références. Effectivement, si Rien baigne indéniablement dans l’univers post-rock, son ambition de ne pas y rester enfermé est évidente: on passe, au sein d’un même titre parfois, de rythmes éthérés à des ambiances groovy ou pop (comme sur le titre éponyme); on se promène aussi entre morceaux cinématographiques, sombres et pluvieux (Humpty Dumpty), airs seventies subtilement rétro, frôlant parfois le disco, ballades folk acoustiques de hippies refoulés (le déjanté Cowboys don’t cry) ou odes bruitistes et déstructurées, pendant lesquelles le quatuor se livre à un bricolage sonore, intéressant, agréable et qui ne se révèle jamais encombrant (This is our grunge).
La musique passée au crible, il faut quand même parler un peu du reste: généreusement, Rien laisse cet album en téléchargement libre, dans son intégralité, sur son site web www.amicale-underground.org. Vous avez possibilité de faire un don paypal du montant de votre choix, pour saluer cette excellente décision. Et si vous avez les 13 euros que cet album vaut bien largement, vous pourrez même vous offrir le disque (frais de port inclus), dont le packaging est assez exceptionnel, et le graphisme vraiment magnifique. Après avoir replié sur eux-mêmes les bords de la pochette en carton recyclable, vous pourrez faire trôner une superbe pyramide au sommet de la pile de CDs chaotiquement éparpillés au milieu du bordel général de votre piaule, entre les fringues sales et les magasines, ce qui conférera – avouez-le – un tout autre cachet à votre collection discographique. A bon entendeur.
(PS: merci à tous de ne pas communiquer l’adresse de ce site à ma mère)
En écoute: « Dieu Du Seigneur »
cultive ici son addiction à la musique (dans un spectre assez vaste allant de la noise au post-hardcore, en passant par l’ambient, la cold-wave, l’indie pop et les musiques expérimentales et improvisées) ainsi qu’au web et aux nouvelles technologies, également intéressé par le cinéma et la photographie (on ne peut pas tout faire). Guitariste & shoegazer à ses heures perdues (ou ce qu’il en reste).