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Disques

Idaho / You Were a Dick

Voilà bien six ans, depuis la sortie de The Lone Gunman, qu’on était sans nouvelle de Jeff Martin et d’Idaho, projet solitaire depuis l’album Hearts of Palm (2000); six ans pour parvenir à ce You Were a Dick intérieur, mûri, témoignant d’un apaisement autant musical que sémantique. Le son torturé des débuts, le rock (pas toujours du meilleur goût) et les feedbacks de guitares ont peu à peu laissé place à l’introspection d’un piano, d’une guitare acoustique et d’un chant toujours plus confident. Une mutation déjà engagée depuis plusieurs années et albums, même si la discographie du californien reste tentaculaire et bien difficile à retracer.

Entre les albums, EPs, rééditions et compilations, déjà, sur Alas et sur The Forbidden EP (sortis respectivement en 1998 et 1997, et réédités il y a deux ans chez Talitres) l’on pouvait sentir ces accalmies en demi-teinte, et le songwriting de Jeff Martin de glisser progressivement vers des ambiances plus intimistes, adoucies et classieuses. Ces ambiances qu’on retrouve ici teintées de douce mélancolie et dans lesquelles le piano occupe désormais une place aussi importante que la guitare quatre cordes (cette guitare en open tuning, accordage très spécifique qui donne aux balades folk d’Idaho leur couleur si particulière). Alors que les deux instruments n’avaient cohabité que rarement par le passé, on les trouve maintenant parfois au sein d’un même morceau se complétant élégamment aux cotés des batteries fluettes, le plus souvent mid-tempo, emmenant les chansons vers des rythmiques douces et enveloppantes dont le songwriter semble avoir fait sa spécialité. Pourtant, plusieurs titres laissent comme un arrière goût d’inachevé, les ambiances s’installant difficilement sur des morceaux dont la durée dépasse très rarement les trois minutes, et les variations perdant parfois leur pertinence jusqu’à tomber à plat. Ce sont sur les titres les plus longs (« Weigh It Down », et le superbe titre de clôture « Waited For You ») que Martin sait se faire captivant, lorsqu’il parvient à nous emporter dans le sillon de sa voix, de son piano et d’une batterie délicate.

You Were A Dick est finalement assez conforme à ce que l’on attendait, ni décevant, ni enthousiasmant. Mais le plaisir que procurent les chansons et le songwriting de Jeff Martin, lui, est intact, et bien assez grand. De quoi nous laisser confiant pour la suite: Idaho a encore des choses à dire, et de beaux jours devant lui.

En écoute: « Waited For You »

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