Je t’avais déjà parlé de Jakob, ce trio surprenant originaire des antipodes (et oui, c’est loin la Nouvelle Zélande) à l’occasion de la surprise de leur venue en France, en support d’Isis. Et voilà une excellente occasion de ramener la lumière sur eux puisque outre l’annonce d’un nouvel effort pour 2009, Conspiracy a la bonne idée de rééditer Solace, leur premier album, en version double LP limitée à 500 exemplaires.
D’un point de vue strict, si le groupe entre sans trop de failles dans la catégorie « post rock intrumental à grosses guitares », il serait à la fois réducteur et dommage de les y ranger trop vite et les laisser y prendre la poussière. Car si Jeff Boyle avoue lui même construire ses parties de gratte à base de multiples pédales de delay (pour ceux qui ne savent pas ce que c’est – si jamais il y en a – je vous renvoie sur cette page) disposées en série, l’utilisation qu’il en fait n’en reste pas moins surprenante, originale, et surtout bluffante de maîtrise. Construisant de véritables murs de son, empilant les boucles et les harmonies avec une dextérité que pourrait tout à fait lui envier Kevin Shields, l’épaisse et grossissante consistance des lignes de guitare entretiennent une parfaite illusion: En effet, il est presque impossible, si on l’ignore, de croire que Boyle est l’unique guitariste de cette formation.
Cela étant, même si l’art et la manière sont présents, la méthode est connue, et déjà bien rodée: il en faut plus pour attirer l’attention des vieux larrons que nous sommes (j’en vois déjà qui froncent le sourcil). Mais voilà, le talent des Néozélandais ne s’arrête pas là. La section rythmique qui accompagne Boyle peut se vanter d’être elle aussi un atout majeur. La combinaison basse batterie amène une réelle pronfondeur à la musique du groupe, un groove auquel peu de formations peuvent prétendre aujourd’hui. C’est peut-être là le réel attrait de Jakob, le mélange parfait entre ces guitares brumeuses, floues, lorgnant vers des ambiances planantes (Malachite, Saint), et des parties basse/batterie hachées et sèche comme des coups de trique (Pneumonic).
En définitive, voilà un premier album vraiment réussi pour une jeune pousse à qui semblait d’ores et déjà acquis le respect et l’admiration de ses aînés. C’est désormais chose faite en ce qui me concerne.
En écoute: « Malachite »
[audio:https://darkglobe.free.fr/public/music/Jakob_Malachite.mp3]cultive ici son addiction à la musique (dans un spectre assez vaste allant de la noise au post-hardcore, en passant par l’ambient, la cold-wave, l’indie pop et les musiques expérimentales et improvisées) ainsi qu’au web et aux nouvelles technologies, également intéressé par le cinéma et la photographie (on ne peut pas tout faire). Guitariste & shoegazer à ses heures perdues (ou ce qu’il en reste).