Pas (ou plus) la peine de présenter Mogwai: le groupe écossais est sorti depuis bien longtemps de l’anonymat, et fait partie des groupes qui ont su d’une certaine façon – et c’est tout à leur honneur, quelque soit l’opinion qu’on aie sur leur derniers disques – conserver leur indépendance tout en faisant évoluer leur musique, prenant soin d’éviter de faire du sur-place. Après seize ans de carrière, et un album sorti il y a à peine deux mois – le très discuté Hardcore Will Never Die But You Will – Mogwai revenait ce dimanche soir pour une livraison express de décibels au transbordeur, près de cinq ans après sa dernière visite lyonnaise (au Radiant).
On fait l’impasse sur le courageux gugusse qui a la dure mission d’assurer la première partie (et dont je n’ai d’ailleurs pas retenu le nom), commencée beaucoup trop tôt – comme d’habitude au transbo, je devrais pourtant le savoir depuis le temps – pour les éternels retardataires comme ma pomme qui sont tout simplement incapables de se pointer à un concert avant vingt et une heures pétantes. Pour le reste, il s’agit d’un bonhomme tout seul, assis sur le devant de la scène avec une guitare acoustique qui joue de belles chansons folk instrumentales. Un peu comme le faisait James Blackshaw en première partie des Swans il y a peu, mais en plus chiant. Exit donc, direction le bar et ses verres en plastique à un euro la consigne. Pas top pratique mais, paraît-il, un beau geste pour l’environnement, oui monsieur.
Mogwai a la réputation de jouer très fort sur scène, et il ne vont pas déroger à la règle ce soir. Après une entrée en matière plutôt moyenne, le son va petit à petit prendre de l’ampleur pour atteindre un niveau presque insoutenable (sans bouchons). La différence c’est que cette fois, cela tiendrait plus du remplissage (voire du comique de répétition) que d’un choix judicieux d’un point de vue sonore: autant les « Mogwai Fear Satan », « We’re No Here » et autres « New Path To Helicon » (joués ce soir), gagnent – en esthétique et en puissance – à être joués à ce volume assourdissant, autant les titres plus soutenus, mid-tempo, claviers en devant – « Auto Rock », « San Pedro », « White Noise » ou « Death Rays » – auxquels le dernier album fait la part belle – auraient parfaitement pu se passer, eux, d’être joués à cent dix décibels. Ajoutez à tout çà le fait que Mogwai n’est pas non plus le groupe le plus expressif sur scène (soyons honnêtes, on ne voudrait pas leur reprocher d’être un autre de ces innombrables groupes de poseurs) – peut être à part Stuart Braithwaite, plus communicatif qu’on l’a connu par le passé, et qui dandine désormais un peu plus que ses acolytes – le résultat n’est pas proprement décevant mais il n’a rien de très enthousiasmant pour autant.
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Que dire de plus? Que je me place irrémédiablement dans la case des vieux rabougris qui trouvent que Mogwai c’était mieux avant? Oui, sans aucun doute, je le clame haut et fort (quitte à compromettre toute objectivité dans ce compte rendu), les compositions du groupe depuis l’album Rock Action n’ont plus pour moi l’effet détonnant d’un « Christmas Steps » ou l’émotion épurée et candide d’un « Cody ». Finalement, les écossais ont bien assez roulé leur bosse pour garder un certain cachet sur scène – et techniquement, ils s’en sortent plus que bien de ce coté-là – mais subjectivement, après qu’une espèce de facilité discrète, néanmoins palpable, se soit installée dans leur écriture, après qu’ils aient eux-mêmes monté leur propre label, Mogwai présente tous les symptômes du groupe qui, une fois le sommet atteint, n’a au bout du compte plus grand chose à prouver à qui que ce soit. Leur prestation s’en ressentira fortement et s’avérera manquer cruellement de surprise, de ce petit truc indescriptible qui se passe souvent bien lorsqu’on ne l’attend pas, et inversement. Même un (pourtant) fantastique « Mogwai Fear Satan » (point culminant d’un set d’environ une heure trente) et la puissance sonore déployée par Braithwaite et comparses n’y changeront rien. De quoi amener de l’eau au moulin à cette théorie un peu pompeuse selon laquelle un groupe perd tout intérêt après dix ans d’existence? Peut être. La bonne nouvelle pour Mogwai c’est que le public du transbo (venu en nombre) semble bien moins exigent que moi: les louanges sur leur set pleuvaient encore dans mes oreilles, entre deux acouphènes, alors que je m’extirpai de la salle pour aller attraper mon tram.
cultive ici son addiction à la musique (dans un spectre assez vaste allant de la noise au post-hardcore, en passant par l’ambient, la cold-wave, l’indie pop et les musiques expérimentales et improvisées) ainsi qu’au web et aux nouvelles technologies, également intéressé par le cinéma et la photographie (on ne peut pas tout faire). Guitariste & shoegazer à ses heures perdues (ou ce qu’il en reste).
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