Vous allez me dire que tout m’énerve…
Mais comment peuvent se multiplier de la sorte toutes ces affiches de salons du livre… réalisées par IA ? L’ exaspération me gagne, le juron définitif n’est pas loin !!
Pour la Foire aux C***s, je veux bien, mais pour un Salon du Livre ??? C’est comme servir du jarret de porc à un mariage musulman ou des nuggets de poulet à l’apéro du congrès annuel des végans, c’est comme AC/DC unplugged, des types tout blancs sur une plage du Pas de Calais qui jouent du djembé ou les iPhone qui remplacent les briquets pour mettre le feu aux concerts, CA NE DEVRAIT PAS ETRE PERMIS !
Et pourtant, j’en vois passer de plus en plus, sans que les auteurs invités ne s’insurgent ou ne boycottent, puisque c’est bien par les annonces de tels événements sur leurs réseaux sociaux, que le plus souvent je découvre ces horreurs graphiques !
En voici encore une que je vois passer, à vomir, censée promouvoir le prochain salon du livre d’un bled dans le Gard… et au lieu de commenter sur Facebook, dans ma sainte colère j’écris plutôt rapidement cet article !
Ladite affiche est très banalement IA, avec son style animation 3D bas de gamme, ses doigts difformes et ses perspectives pourries, mais tout le monde semble trouver ça joli dans les commentaires ; tout ça a l’air fort innocent, la manifestation culturelle concernée est organisée par la mairie, comme de juste, et par « LES AMIS DU LIVRE », faut le faire ???
Mais si vous aimez VRAIMENT le livre, les gars, commencez par respecter les auteurs et illustrateurs ! Je suis sûr qu’il y a des auteurs jeunesse ou de BD invités, des gens dont le travail est le dessin et l’illustration, alors c’est quoi cette imitation sans nom qui ne vaut qu’un seul qualificatif…? Hein?
Le faux prétexte est souvent économique : « On n’a pas pensé à mal, on est gentil, on veut faire le bien… mais on est une petite commune (ou une petite structure) et on n’a pas le budget » NB : je synthétise. L’argument est bidon !… Et comment on faisait avant, banane ?!
Si demain je me fais choper avec un sans-papiers à la maison, que j’utilise comme larbin contre un grabat dans le grenier et un bol de soupe, je serai condamné par la justice pour « esclavage moderne » (c’est d’ailleurs arrivé en vrai), et ce sera bien fait ! Personne ne dira à ma décharge : « Oui mais c’est parce qu’il n’avait pas les moyens de se payer une employée de ménage » !
On faisait comment avant l’IA ? Eh bien, avant l’IA, on se débrouillait : j’ai organisé pas mal de salons sans un rond, je sais aussi ce que c’est que le bénévolat, ça n’empêche rien. Avec un peu d’imagination, de la colle et des ciseaux, la bonne volonté d’un stagiaire de troisième ou même en faisant dessiner les enfants de l’école tout heureux, on aura toujours quelque chose de créatif et de charmant.
C’est juste que l’IA est une solution de facilité, MAIS incompatible éthiquement avec l’idée d’aimer le livre et de le promouvoir… Mettez-vous ça dans le crâne (ou ailleurs, s’il faut que ça passe par là pour que vous le compreniez) !
Enfin, les gars du Gard, là, y’a quand même des choses qui ne vont pas ensemble, dans la vie ! Comme la pizza et l’ananas…
Et un peu comme nous les pauvres mecs on répondait aux filles en rigolant, « la taille, ça ne change rien !! », je ne vois donc pas le rapport avec la taille de la commune ! C’est comme en amour, c’est, je le répète, la bonne volonté et l’imagination qui comptent…
Vous allez me dire que les auteurs ne se respectent souvent pas eux-mêmes, et c’est vrai, en cautionnant d’abord, vu qu’il n’y a que moi qui râle… et en ayant eux-mêmes de plus en plus de couvertures à l’IA sur leurs romans (ce qui ne les empêchera pas de se plaindre le jour où les illustrateurs, pour se passer des écrivains, utiliseront à leur tour l’IA pour les remplacer au texte)…
Ce monde est fou, où tout le monde se tire une balle dans le pied en croyant avancer plus vite.
C’est désespérant.
Car il ne faut pas compter non plus sur le goût des gens pour séparer le bon grain de l’ivraie. La plupart des gens sont des braves gens, mais ne sont visiblement pas aptes à faire la différence entre le vrai et de viles illustrations, photos ou vidéos générées par IA : on le voit bien, triste constat, au succès des boomers traps sur les réseaux, et au grand nombre de personnes qui tombent dans le panneau, chaque fois qu’on leur suggère d’admirer l’auteur d’une sculpture du Christ en sable ou de mon petit pivert en glace au poil près, une rare photo de Rimbaud en train de faire du skate à Bamako ou un soi-disant nouveau tableau de Van Gogh découvert sous le lit de ta grand-mère, pourtant indigne au premier coup d’œil de servir de couvercle à une boîte de chocolats même d’entrée de gamme…
Portrait de Vincent Van Gogh, généré par IA
Malheureusement les gens n’ont aucun goût, la preuve. Ils n’ont de goût qu’on ne leur formât… et je dirais, las ! qu’on le leur formate davantage. Et tout cet excrément diarrhéique dont nous inondent les digestions perturbées de l’IA est malheureusement en train de formater le goût des gens à un « nouveau beau », je dirais, en tout cas et en tout point conforme aux standards de l’IA… Comme les gamins de la génération précédente, avec l’avènement de l’image de synthèse, avaient pris goût depuis Toy Story à l’animation 3D la plus standardisée, qui a définitivement tué les superbes Disney de papa.
L’ Apprenti Sorcier, Walt Disney 1940
Et qu’on ne prononce plus le mot « création » concernant l’IA, cette usine à gaz numérique, et que ceux qui osent s’attribuer le qualificatif de « créateurs » pour en faire simplement usage soient dénoncés et conduits sur la place publique ! Oh, et moi qui suis pourtant conciliant…
Il est bon de le rappeler, l’IA ne crée rien, elle recycle !… et si bien sûr on obtient toujours quelque chose de ce pillard, ce sera quelque chose d’inhumain. L’IA nous éloigne de notre humanité… et elle s’y substituera bientôt.
Admettons même qu’on ait le mauvais goût de trouver ça beau ou qu’on se soit fait avoir par cet outil de simulation, il n’empêche que comparer une illustration faite à l’IA à celles d’un artiste, c’est comme – et j’oserai ce parallèle – comparer ces robots imitant la gent féminine absolument canoniques qu’ils sont en train de nous préparer, avec nos compagnes et sœurs de la vraie vie… en se disant qu’après tout, les vraies sont « moins bien » ; tout dépend de ta relation à autrui, cher(e) ami(e), mais moi je ne veux pas faire l’amour à un robot ! Une créature froide et sans sentiment, clonée comme une Barbie selon des standards radicaux (même si je sais bien qu’un jour il y en aura certainement pour toutes les perversions, c’est le progrès), une poupée gonflable 2.0 !
Même si toute cette technologie inhumaine finit par formater notre goût et notre idée du beau ! Comme avaient déjà, dans les décennies précédentes, commencé à le faire Photoshop puis les filtres, concernant encore une fois l’attrait féminin : ce qui, pour rester sur cet exemple concret mais dommageable, a produit des ravages psychologiques, fragilisant la gent féminine face à l’image idéalisée d’elle-même que lui renvoie en permanence toute cette imagerie virtuelle sublimée par la retouche : ça a rendu les vraies femmes « plus moches », toute cette « beauté » virtuelle, alors qu’en réalité vraie, les vraies femmes sont infiniment plus belles, avec justement leurs mille petits défauts charmants, ces petites retouches apportées par la vie, le poids, l’âge, la maternité, que sais-je ? Toutes ces merveilleuses petites imperfections singulières qui nous émeuvent profondément comme autant de qualités propres… J’espère que la réciprocité est vraie pour nous , les messieurs, et qu’ on ne nous préférera jamais des imitations façon Ken ( le copain de Barbie), barbu ou non…Mais on a perdu le goût de la beauté naturelle, comme on a perdu celui de boire à la source, et comme c’est en train de nous arriver vis-à-vis de l’essence créatrice de l’art qui en fait toute la beauté (pour revenir à l’ire initiale qui motiva cette digression pamphlétaire).
Barbie et Ken générés par IA et au cinéma, les acteurs du film Barbie.
Voilà ! Et c’est bien malheureux, tout ça… Cela dit, personne n’est obligé d’être de mon avis, alors que Dieu vous ait tous en sa sainte garde ! Comme on dit dans les moments de doute extrême…
Auteur, scénariste, dessinateur bd, ex batteur des Steaks, je teste l’électro pop intergénérationnelle! Papa du « Chien Saucisse « . C’est beaucoup pour un seul homme …