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Rock the Cases

La culture rock est un collage

Ciseaux et culture rock, les deux vont ensemble. Je l’affirme. Quel est le rapport, me demandes-tu aussitôt, lectrice ou lecteur interloqué- e de Dark Globe? Quelle relation y a-t-il entre une paire de ciseaux et la culture rock ? Les Scissor Sisters? Mais le collage évidemment ! D’ailleurs en guise d’introduction je me permets de te donner un conseil : Si comme moi tu aimes profondément le rock et que tu es une quiche à la guitare , achète une paire de ciseaux et de la colle, et tu deviendras un colleur héros !

C’est mon cas  depuis plus de 20 ans , alors bien sûr je ne joue pas avec ma paire de ciseaux devant des foules en transe et malheureusement il y a peu de fans qui dorment sur mon paillasson mais bon , le collage c’est rock et je vais t’expliquer pourquoi : Ces deux formes d’expression artistiques sont rebelles , souvent expérimentales , et toujours transgressives !

Le Rock , à l’origine , s’est développé comme une contestation des normes établies , en brisant les conventions musicales et culturelles. Et bien le collage , c’est pareil , en tant que technique artistique , il remet en question les notions traditionnelles d’art en assemblant des éléments disparates pour créer une œuvre si possible provocante . La preuve : le mouvement punk , en particulier , a popularisé l’usage du collage dans ses affiches, ses fanzines , son imagerie graphique , souvent avec des éléments déchirés,  fragmentés, symbolisant une rupture de l’ordre établi . Le meilleur exemple étant, le visuel pour le « God Save the Queen » des Sex pistols créé par Jamie Reid !

Œuvre originale de Jamie Reil pour le single des Sex Pistols (1977)

Moins provocateur mais tout aussi intéressant, on ne peut être que séduit par la pochette avant- gardiste de l’album Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band des Beatles conçue en 1967 par Peter Blake et Jann Haworth !

Pochette de Sergent Pepper (1967)

Cet album mythique se nourrit lui-même d’emprunts à des sons , des influences culturelles variées. Et c’est bien ce processus créatif d’appropriation, qui est le cœur de l’identité rock, qu’on retrouve dans les collages qui mélangent genres et inspirations pour créer de la nouveauté . J’ ajouterai que la structure non linéaire ( voire totalement barrée ) des morceaux psychédélique des années 60/70 peut aussi être vue comme un parallèle auditif du collage visuel : ça semble chaotique mais tout cela finit par trouver une cohérence relevant de l’esthétique, questionnant la notion même du beau !

  Collage par Syd Barrett

Il me faut également dire un mot de ces artistes rock comme David Bowie, qui ont utilisé la technique du « cut-up » ( forme littéraire du collage popularisé par William S Burroughs) , pour écrire leurs paroles. Ils ont, par cette modalité, renforcé le parallèle entre collage et création rock. Un exemple célèbre est la chanson « Ashes to Ashes » issue de l’album Scary Monsters en 1980. Dans un registre plus léger cette fois, Jacques Dutronc fit de même en 1966 sur le désopilant « La Compapadé », où les musiciens livrés à eux mêmes dans le studio des disques Vogue, rue d’Hauteville, Paris, inventèrent sur des séquences rythmiques jouées par un instrumentarium de percussions, une chanson délirante faite d’un bric à brac d’onomatopées, de bouts de phrases et de cris enthousiastes ! Au fond, collage et rock’n roll, c’est la même philosophie : briser les règles , assembler les morceaux,  transformer le désordre en art. C’est une tentative de jouer avec ses ciseaux en imaginant qu’ils sont  une Fender Stratocaster !

Image mise en avant et collages ci dessus par Christophe Barraja

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