Quelle est donc cette nouvelle sensation venue d’outre-Manche, dont tout le monde commence à parler et qui agite la rock’n’roll sphère des passionnés de power chords rageurs et d’amplis crache flammes ? La réponse à ma question se nomme The Molotovs. Si vous suivez l’actu vous n’avez pas échappé à la hype… Alors qui a jeté ces cocktails explosifs et où, quand, comment- à moins qu’il ne s’agisse que de simples pétards ? J’avais déjà vu quelques vidéos sur Instagram et je ne savais pas trop quoi penser de l’affaire, manquant de recul et d’infos. J’avais surtout remarqué une certaine appétence pour les fringues qualifiées de mods, les coupes de cheveux bien british et un son énergique qui me rappelait vaguement ce groupe qui m’avait fait un effet de dingue vers la fin des 70’s: The Jam. Notre cher rédacteur en chef me suggérant d’aller y voir de plus près (derrière mon écran bien sûr), comme ce n’est pas très loin, à peine quelques encablures numériques, j’y vais !
Alors arnaque ou réel talent ? Nouveaux phénomènes ou simples recyclages ? Et pourquoi pas tout en même temps ? J’ajouterai à cette sauce (façon cuisine anglaise), un cocktail de fantasmes et de désirs, projeté par les fans nostalgiques d’une époque révolue. Fans que beaucoup d’entre nous sommes encore, ça j’en suis certain. Enquêtons…
En regardant de plus près The Molotovs, on y découvre, très visibles, des spasmes frénétiques, c’est le moins qu’on puisse dire. Mais les amateurs de musique pop rock seraient-ils à ce point orphelins de bons groupes pour se jeter corps et âmes sur trois teenagers à peine sortis de l’adolescence ? Du genre de ceux qui, il y a bien des décennies, auraient pu être managés par un Malcolm McLaren ? A première vue, il serait réducteur de considérer que le seul talent du trio (avec frère et sœur à la guitare et à la basse) soit de s’habiller chez Modfather Clothing à Camden et porter du Merc, Harrington ou Relco pour ressembler à la jeunesse mods/skin/punk des 80’s. Bien que cet angle de vue soit amusant et inspirant pour le photographe que je suis. Cependant, en bons anglais qui se respectent, The Molotovs s’y connaissent en matière de look. Je ne vais certainement pas leur reprocher cela, car si j’étais aux commandes de leur destinée musicale ( et commerciale), je ne me gênerais pas pour utiliser leurs belles gueules et les conforter dans leurs choix de fringues. Le rock c’est aussi de l’image… Et là, nous avons ce qu’il nous faut : Mathew Molotov et ses vestes à la Paul Weller, sa sœur Issey Carts et son esthétique Debbie Harry 70’s. Le style dandy rock & chic, les doigts dans la prise ! Oui il y a (parfois) un Malcolm en moi. Le pouvoir de l’image est un atout. The Molotovs le savent, c’est quasi normal et culturel en terre d’Albion. Il est vrai qu’en tant que français cette apparence peut paraitre un peu « cliché », on s’en amuse tout au moins…Ou on la jalouse secrètement ?
Ce que l’on sait moins mais qui explique bien des choses, c’est que Mattew joue de la guitare depuis ses six ans, chez lui puis dans la rue à Oxford Street vers dix ans, tout comme Issey et Ice ( Will Fooks)* à la batterie. Une enfance et une adolescence où ils n’ont eu de cesse d’entonner des reprises, de The Jam, des Clash, des Sex pistols, des Rolling Stones…etc. Toute une scolarité rock en quelque sorte… Puis ils ont créé l’entité The Molotovs pour assouvir cet élan débordant d’eux-mêmes voici trois ou quatre ans. On lit dans les posts et coupures de presse trouvés, qu’après avoir tapé le bœuf ici et là, ils assurent la première partie de The Libertines (2021), adoubés par Pete Doherty subjugué par leur énergie. Idem avec Billy Joe Armstrong (Green Day) – l’un des modèles de Mathew, on pouvait s’en douter. Plus incroyable encore, ils ont aussi ouvert pour Blondie en 2023, devant des milliers de personnes, et ont joué avec Paul Cook batteur des Sex Pistols une reprise à l’arrache de « God Save The Queen ».
Bref on peut dire ou penser ce qu’on veut, mais ces mômes sont élevés par la scène et ils n’ont surtout peur de rien. Mathew n’a que 16 ans (guitare/chant), Issey deux de plus et Ice (batterie) est dans la même tranche d’âge…Hum, nous ne sommes pas près de voir ça en France. Quoi que, je me souviens du mouvement teinté garage rock des bébés rockeurs vers 2004 avec Second Sex, Naast, BB Brunes, les Plasticines, Brats, Shades, tous épaulés par Rock & Folk et écumant, les uns après les autres, la scène du Gibus…Une autre époque.
Pour revenir à nos teenagers anglais, la branche records de Marshall vient de leur proposer l’enregistrement d’un Ep. Voilà ce qu’il leur faut ! La scène étant familière, c’est bien sûr cet aspect capital qui va nécessiter capacité de concentration et talent pour peaufiner les compositions. C’est le plus important, en essayant de s’affranchir des modèles… L’exercice n’est pas forcément simple à l’âge des musiciens de The Molotovs, qui portent en eux un tel héritage, le mot prenant ici tout son sens. Beatles, Kinks, Who, Jam, Clash, Sex Pistols en font partie, mais aussi ceux qui les ont bercés enfants comme The Libertines, Green Day, Kaiser Chief, entre autres. Attendons ce premier jet discographique qui devrait prendre forme au printemps et qu’ils enregistreront, j’en suis sûr, à cent à l’heure, comme le premier The Jam, In the City . En gardant leur spontanéité et sans pression serait évidemment l’idéal.
photo https://themolotovs.bigcartel.com/product/totes-red-black
Ce que j’espère surtout, en raison de l’agitation médiatique qui entoure le frère et la sœur, c’est qu’ils ne se crameront pas les ailes en allant trop vite et trop près du soleil. « Too much, too soon » ont dit certains. En conséquence, permettez-moi de rester un poil attentif et prudent sur l’avenir, tout en ayant en tête la déflagration Ramones, un précédant mémorable et assez similaire, lesquels foncèrent têtes baissées pour devenir une source d’inspiration pour bon nombres de formations à la même époque. C’était cependant un autre siècle, où tout était en friche avec des attentes fébriles. Aujourd’hui, raviver la flamme ne serait pas une mauvaise chose. Pour autant un mouvement est-il né ? Dont The Molotovs seraient l’explosion, sinon les porte flambeaux, quand on connait surtout d’eux leur habileté à interpréter un répertoire particulier… Donc, non, il est trop tôt pour le dire et si cela se confirmait avec d’autres groupes, cela s’apparenterait plus à un troisième ou quatrième service qui ferait passer Fontaines DC and co pour des vieux, à condition de tenir le choc.
Avec tout ça je vais replonger la tête dans la discographie de The Jam, Secret Affair, Merton Parkas, The Chords, The Lambrettas comme quand j’avais l’âge du trio. Ah ben non, ce n’est pas la peine ! Je n’ai jamais sorti la tête de ce flow magique ! Allez salut maintenant !
vidéos Stockholm par WhatGTG ( sur la gauche notre ami Ulf de…Flunk)
https://www.facebook.com/TheMolotovsLondon
* Nom sous réserve d’un changement et présence récente d’un autre batteur… ndlr
« Musicien d’alcôves tel un Winslow Leach, mais moins torturé (quoi que!) et sans Swan. Musicalement en solo mais avec ses fantômes. Autre expression artistique: Photographie. Couleur : 50 nuances de noir. Drogues indispensables : Rock’n’roll (quelle qu’en soit l’apparence), des mélodies et un peu de style ! «