31 octobre, nuit Halloween dans les bars de Ménilmontant, les citrouilles se disputent bonbons et pintes de bière. Au milieu de la rue Sorbier, le Vin-Tième, petit bistrot repris depuis l’année dernière par Fehmi, turc au cœur chaleureux et au goût avéré pour la cuisine de son pays, le bon vin et les auteurs compositeurs interprètes. On oublie vite le format mouchoir de poche de l’endroit pour s’attacher à la chaleur et la bienveillance de l’accueil. C’est jour de concert hebdomadaire au Vin-Tième.
Ce soir, c’est Frank Echégut, auteur-compositeur-interprète issu de la scène française des années 90, connu pour quelques succès publics, dont le single « Bob plane » qui fleurta avec les portes du Top 50 en 1991, titre inspiré par le « Out of Africa » de Karen Blixen porté à l’écran par Sydney Pollack. Frank a cinq albums et quelques singles à son actif, on aimerait entendre le nouvel opus, fin prêt dans les tiroirs, mais faute de production, le projet est resté en sommeil.
Frank Echégut se produit aujourd’hui dans de petits endroits aussi confidentiels que cosy, en formation resserrée autour de lui à la guitare, au chant et aux loops et son ami fidèle Philippe Draï, batteur et percussionniste. Un paradoxe pour quelqu’un qui fit jadis la première partie de Joe Cocker, Bernard Lavilliers ou encore Eddy Mitchell.
J’avoue que je connaissais très mal l’univers de l’artiste. Je me suis rendu à ce concert à l’invitation de Philippe Draï, membre du KGDD (le groupe qui a longtemps accompagné Bashung), également bien connu pour avoir fait partie des fondateurs de Kassav avec le regretté Jacob Desvarieux et pour avoir incarné la section rythmique de Mylène Farmer, de Renaud et bien d’autres.
Rue Sorbier, l’ambiance du soir pour ce concert minimal prend cependant un tour chaleureux. L’intimité et le minimalisme fonctionnent et captivent l’auditoire. Frank a une belle écriture, une présence scénique élégante et charismatique. Son duo avec Philippe Draï respire la complicité et la chaleur humaine. On se dit qu’on aurait envie de voir les deux complices en plus grand ensemble, parce que la musique jouée le mérite. En attendant, leur occupation de l’espace donne déjà une belle idée de l’univers de Frank, très personnel et qui retient l’attention. On pourrait se dire que c’est du gâchis pour un artiste de ce calibre, de se produire dans un petit endroit. Mais jouer avec un batteur comme Philippe Draï, c’est l’assurance de vibrations qui poussent les murs et agrandissent l’espace !!
Avec l’intervention d’un harmoniciste complice, présent dans l’assistance, et qui improvise dans les rappels sur le titre « J’ai perdu », le duo devient trio sur scène. On gagne encore en présence musicale avec cette invitation impromptue : magie du live.
« Chez Fehmi », est un bar de quartier à la belle humeur. C’est un endroit à suivre de près ! On le fréquentera les 20 et 21 novembre prochains pour le premier anniversaire du lieu, où l’on annonce JP Nataf, auteur-compositeur-interprète et guitariste, chanteur du groupe Les Innocents.
Et pour retrouver Frank Echégut dans son univers avec toute la richesse de ses arrangements, je vous invite à vous reporter à sa page Youtube : https://youtube.com/channel/UCKJPUjoO77sGBDHJAduxvQw?si=XQhT0cPN-Vd3TQuw
J’ai grandi à l’aire des dauphines, jeune scélérat sans roi. Adolescent, une voix à la radio m’a soufflé « Je fume pour oublier… » et a éveillé ma curiosité musicale jusqu’à l’envie. Balayés le disco et ses paillettes, le noir était de mise et resterait ma livrée. Toujours pas dynamité d’aqueduc, à peine dressé quelques loulous… J’aime la musique qui ose et les voix qui en imposent. Et que ne durent…