Bon sang, le temps passe n’est-ce pas ? Et nos héros – ceux que nous voulons voir au dessus du lot – pointent du doigt cette fuite des années, des jours. Peter Hook fût et reste un de ces héros, que des hommes comme moi ont choisi à vingt ans, dès qu’ils l’ont découvert. Dans mon cas ce fût tout d’abord sans connaitre même son visage…Ni être très sûr de son nom – d’ailleurs « Hook » est un pseudonyme, Hooky un surnom. Peter Hook ne s’appelle pas véritablement ainsi sur son état civil. C’est justement son nom de héros de Joy Division, de New Order, de Revenge et Monaco puis de Peter Hook & The Light – ce repli en gardien du temple après le foirage Freebass…
Hooky , au tout début, en 1976, est un gars de Manchester sans grande allure quand il décide de sortir de l’ombre pour en faire quelque chose. Pas franchement taillé pour la gloire, a priori, mais qui prend une ampleur étonnante en jouant d’une guitare basse, copie Hondo de Rickenbacker. On s’étonne en l’écoutant, parce qu’il ne semble en pratiquer que l’octave supérieur. Le jeune homme est barbu et tient son instrument très bas. Il en choisit ensuite un meilleur modèle parmi des marques locales made in UK, ainsi l’incroyable Shergold Marathon à six cordes. Tout cela se remarque très vite, autant que cela s’entend avec intérêt.
A partir des années 1980 et un ou deux ans – disons deux – après les débuts de New Order, l’inconnu banlieusard est devenu un incontournable qu’on ne peut louper. Avec l’assurance, le style s’affirme et les cheveux deviennent longs, les pantalons se font de cuir et les Adidas en croûte du temps de Joy Division sont devenues des bottes lourdes. Hooky est presque un demi-dieu quand on le regarde dans de premières et rares vidéos VHS si précieuses. A quel moment devient il « God »?
Alors, je vais dire ça très vite, c’est « Sunrise » sur Low Life (1985) qui change encore la donne. Le riff de basse essentielle, tout comme l’inimaginable solo envoyé au final de « Perfect Kiss », sur ce même album emblématique du milieu des eighties, seraient des Évangiles nouvelles. Peter Hook devient alors dieu du rock new wave à 29 ans. Il en a 68 aujourd’hui…
« Alleluia, I am a believer in Joy Division « (Robert Gretton)
Question: Est-ce que le temps passe pour dieu ? Vous avez deux heures.
Peintre et guitariste, adepte de Telecaster Custom et d’amplis Fender. Né en 1962 – avant l’invention du monde virtuel – pense que la critique musicale peut-être un genre littéraire, objet idéal pour un débat en fauteuil club millésimé.