Isis est un groupe fascinant. En dépit de certaines critiques que j’ai pu lire ça et là (la critique est somme toute un art bien subjectif – y compris la mienne) selon lesquelles il n’y a là qu’un autre groupe pompeux qui n’a rien inventé, ou bien que oui Isis c’était bien mais « avant » (comprendre avant qu’ils vendent suffisamment de disques pour vivre de leur musique)…
Je suis en assez ferme opposition avec ces avis, parce que rarement à mon sens un groupe a autant pris soin de faire évoluer son propos et de l’amener à maturité. De façon lente, progressive, mais avec une assurance et une intégrité qui forcent le respect. Wavering Radiant me conforte dans cette direction.
Si dès les première notes de « Hall Of the Dead », on retrouve les éléments qui ont forgé le caractère de In The Absence Of Truth – riffs métalliques assénés à coup de « palm mute », alternance des cris et du chant placide d’Aaron Turner – on se rend rapidement compte à la suite que la musique des californiens se fait plus homogène, plus fluide; les textures sonores se densifient, la présence d’effets sur les guitares et l’ajout de parties de claviers mises davantage en lumière apportent à l’ensemble une stature toute nouvelle. Le travail de Joe Barresi aux manettes est à saluer de ce coté là: chaque instrument se démarque sans empiéter sur les autres, le son est saisissant de netteté – et Isis en a profité pour travailler le partage de l’espace et l’harmonie sonore.
Du coté ambiances, entre débâcle de décibels et parties rugueuses, on lorgne toujours vers des formats étirés et aériens, à l’image de l’interlude éponyme – qui amènent les passages plus énergiques (« Stone To Wake a Serpent ») avec pertinence. Le jeu de batterie d’Aaron Harris est impressionnant de justesse (« 20 Minutes / 40 Years »). Les structures sont complexes mais pas indigestes; et les thématiques abordées dans les textes sont toujours aussi énigmatiques. De ce coté pas de changement, et Aaron Turner est toujours aussi réticent à en parler – il faudra donc se faire sa propre interprétation. Pas de problème de ce coté là, Wavering Radiant fourmille de détails qui suffisent à eux seuls, ou presque – à le rendre passionnant. Et en font un exercice d’autant plus difficile à défendre en live. Espérons avoir bientôt l’occasion de vérifier comment le groupe s’en tire à ce jeu-là.
[audio:http://dailyrindblog.com/audio/isis_20minutes40years.mp3]cultive ici son addiction à la musique (dans un spectre assez vaste allant de la noise au post-hardcore, en passant par l’ambient, la cold-wave, l’indie pop et les musiques expérimentales et improvisées) ainsi qu’au web et aux nouvelles technologies, également intéressé par le cinéma et la photographie (on ne peut pas tout faire). Guitariste & shoegazer à ses heures perdues (ou ce qu’il en reste).