Daniel Darc…10 ans après

Le 28 février 2013 disparaissait un des derniers rockeurs parisiens ayant vécu les glorieuses années 1980 de la capitale. Dix ans plus tard, il est donc nécessaire de se souvenir de Daniel Darc.

« Darc un jour, peut-être un soir
S’aventure hors du trottoir
Pas le temps de regarder, un éclair de réalité, de lucidité
Darc se retrouve renversé
Crad est Darc, Elvis versa
Un poison qui le réanima
Et depuis comme Marvel comme un mutant
Darc est Crad de temps en temps Crad est Darc à chaque instant »*

Si le terme de poète était encore usité de nos jours, il lui siérait parfaitement.

A l’image de Gainsbourg et Gainsbarre, de Renaud et du Renard, Daniel Darc a lui aussi joué les schizophrènes pour justifier de ses déviances. A la différence près, et elle n’est pas mineure, qu’il ne la mettait pas en scène.

Écorché vif et pour de vrai, un soir, sur la scène du Rose Bonbon, Daniel n’en a que faire de son image et de son égo. Il se taillade les veines pour provoquer une réaction du public amorphe face à lui. Il traine dans les rues de Paris, entre les bars du XIème arrondissement, avant que ceux-ci ne soient définitivement meurtris par une bande de dangereux illuminés.

Il traîne ses santiags au gré de ses envies, enivré par Coltrane et se voyant clochard céleste digne d’un héros de la Beat Generation, endormi dans une ruelle avec son cuir comme seule compagnie.

« Bad boy, white trash, dead Elvis« , chantait-il en duo avec Bashung dans un titre forcément dénommé « L.U.V. ». Le seul sujet commun à tous les Êtres. Qu’on soit en manque ou qu’il nous dégoute, tout tourne autour de cette chimère que l’on ne touche pas des doigts. Le seul, le vrai, le suprême.

A la fin de sa vie, Daniel était en paix avec l’amour. Celui de Dieu, bien sûr, mais aussi celui plus commun du quotidien. Le seul qu’il n’ait peut-être pas réussi à obtenir, c’est l’amour de soi. Celui qui peut faire dérailler le plus petit des égos vers le chemin de la suffisance.

Daniel n’était pas de ce monde là. Il se rêvait en jeune romantique, protagoniste d’une histoire écrite par Drieu de la Rochelle et voulait se consumer à petit feu.

Autour de lui, ses amis, ses frères l’entouraient d’une vénération qui l’a peut être fait tenir jusqu’au demi siècle. Aujourd’hui, en tous cas, certains d’entre eux font en sorte qu’il ne soit pas oublié.

C’est le cas tout d’abord de Marc Dufaud, écrivain émérite qui sort cette année un nouveau récit, Close Up, je me souviens je me rappelle, qui magnifie sa relation d’amitié forte avec Daniel Darc. Véritable témoin de la période dorée de l’artiste comme de sa déchéance, Dufaud est assurément le plus légitime pour agiter son stylo et faire en sorte que l’artiste ne soit pas oublié par les générations futures.

Ensuite, Frédéric Lo, le compagnon de Crève Coeur, l’album le plus intime de Darc. Le musicien nous propose deux nouveaux albums : un composé de titres inédits de la période 2003/2004, Parenthèse enchantée et un autre , Cœur sacré, dans lequel il réunit tous les amis artistes proches de Darc comme Etienne Daho, Jean-Jacques Burnel ou Jane Birkin qui reprennent les titres les plus mythiques de l’ex-Taxi Girl.

Enfin, pour confirmer, si cela en avait vraiment besoin, que tout ceci n’est pas seulement un coup marketing mais bien un hommage appuyé à Daniel Darc, Marc Dufaud et Frédéric Lo sont en train de sillonner la France pour parler de leur ami. Ils seront à la librairie Parallèles de Paris le vendredi 1er décembre prochain et se rendront à Marseille pour une double soirée au Lollipop Music Store et à Cultures Obliques pour un show-case et une rencontre avec le public.

* extrait de « C’était mieux avant » texte écrit par Daniel Darc pour l’album « La taille de mon âme » (2011)