Après une représentation à l’auditorium de Lyon il y a deux jours, les Tindersticks de Stuart Staples, investissaient dimanche 5/11 la scène imposante de la Philarmonie de Paris. Ceci dans le cadre d’un second concert exceptionnel, proposant une interprétation live des musiques réalisées par les anglais pour les films de Claire Denis depuis 1995.
Spectacle hybride donc qui, s’il fût de qualité et de haut vol, laissa sans doute sur leur faim les amateurs de Tindersticks…En effet, projetées sur un énorme écran au dessus des musiciens – ces derniers restant dans l’obscurité la plupart du temps- , les extraits de films ont pris le pas sur la musique, dans une relation pas forcément égale, dirais-je.
Le cinéma de la réalisatrice qui sollicita le groupe à l’issue d’un concert au Bataclan au mitan des années 1990, est sans concession, on le sait. Images fortes, lourdes ou franchement dérangeantes- on ne fait pas le l’art avec de bons sentiments- ont écrasé le caractère feutré des sons pourtant exemplaires des Tindersticks . C’est un peu dommage, et ce qui fonctionna en tant que bande -son cinématographique, eût moins d’impact en situation de live. Sur scène et dans la salle, l’enthousiasme n’est pas franchement venu de cette rencontre de deux univers, à ce moment précis du moins. On peut le regretter, en regard des qualités respectives des artistes et des interprétations ciselées des Tindersticks…
In fine j’ai dû me demander un moment, si l’intellectualisme ne flinguait pas l’émotion ? Si ce n’est pas l’art du moins. La nostalgie de Morricone…
Peintre et guitariste, adepte de Telecaster Custom et d’amplis Fender. Né en 1962 – avant l’invention du monde virtuel – pense que la critique musicale peut-être un genre littéraire, objet idéal pour un débat en fauteuil club millésimé.