C’est un message du label Osto records qui nous a informé il y a quelques jours de l’existence d’Ossayol dont nous ne savions rien, en nous proposant avec courtoisie l’écoute de «Pillars», single extrait du second album du groupe, Violent Expression Of Desire à la sortie programmée pour le 17 Juin. S’il n’est pas sûr que la musique d’Ossayol devienne en regard de cette date la bande-son idoine de l’été 2022, on sait toutefois que les saisons passent (et reviennent) mais que la musique de qualité demeure intemporelle. Avec ce dernier mot on comprendra ici, que nous voulons parler de ces musiques qui savent s’affranchir des modes et des poncifs, suffisamment savantes pour ne pas le montrer, laissant sur leur durée un propos cohérent qui, osons l’écrire, tient sur la portée… Ossayol, en ce domaine, ne serait pas un mauvais client.
À la première écoute de «Pillars» c’est l’impression de se retrouver dans un univers musical peu commun qui l’emporte… Lequel pourrait-être l’alliance d’un post-rock indie, à la façon des écossais de Mogwai, et de réminiscences de musique baroque du XVIIème siècle, avec l’écho de la lancinante viole de gambe de Jean de Sainte Colombe. En grattant un peu on trouve chez Ossayol (formé en 2013) un arrière-plan Folk qui n’est pas pour déplaire, significatif de l’écriture de certaines mélodies et perceptible notamment dans ses précédentes productions. «Haunted Head» (2020) qu’on découvre dans la foulée, est une longue plage atmosphérique hantée, qui relève de la sophistication Trip Hop / Ambient d’Archive et des laments de Folk-Baroque de Pentangle. Il y a plus mauvais cadre… À l’analyse de ces paramètres Ossayol, dont les personnels ont bougé (beaucoup) en quelques années, mais qui reste sous la guidance artistique du binôme Mickaël Pillisio (guitare)/ François Kaspryk (violoncelle), paraît engagé dans un travail en construction défini par une intention dépassant sans doute l’ambition moyenne des formations de musique rock. Si «un titre rock est un riff», comme le dit Wilko Johnson, il est aussi autre chose. Nous nous y trouvons dans le cas d’Ossayol.
«Pillars» contient, de toute évidence, la poésie d’un langage musical où les savoirs-faire (réels) des musiciens, ne prennent pas le dessus sur la sensibilité et l’émotion esthétique et servent l’œuvre en elle-même. Le chant atypique se mêle à l’intensité sans ostentation des instruments, le violoncelle de François Kasprik étant pour beaucoup dans une identité que l’on perçoit clairement in fine. Mention spéciale au jeu de batterie aussi efficace que subtil, qui annonce et rehausse les séquences des cordes. Le single, convaincant, annonce par sa présence musicale et sa force expressive un Violent Expression Of Desire sans doute très justement nommé.
Peintre et guitariste, adepte de Telecaster Custom et d’amplis Fender. Né en 1962 – avant l’invention du monde virtuel – pense que la critique musicale peut-être un genre littéraire, objet idéal pour un débat en fauteuil club millésimé.