Après le très abouti Brummell Blues sorti il y a deux ans, le genevois Gil Rose reprend du service et ressort ses pistolets (ou quelque chose du genre ). Ep quatre titres « à l’ancienne » , paru chez Sunthunder Records – label basque au nom qu’on décode volontiers – Amarillo pousse jusqu’au bout un système – signature qu’il faut toujours écouter à plusieurs niveaux. Phrasé décalé, d’une désinvolture feinte, pour textes distancés, sur des orchestrations boisées désormais typiques. Typiques aussi les narrations du prétendument lonesome Gil Rose, lesquelles claudiquent souvent d’une boots sur l’autre, avant de se casser un peu la figure, il est vrai, mais en gardant un style certain dans leurs chutes annoncées ou non.
Dans cet Amarillo on hésite beaucoup – »Nosino ». On suppose qu’il y a quelque chose d’irréversiblement perdu au royaume de Danemark, sentiment traduit par une rage saisissante de guitares shakespeariennes. Avant de conclure après une errance de western désolé – »Désert » -, par ce constat affligé : » Je suis laid ». Ici l’auditeur se pose une question : tout cela est-il bien vrai ? Et comment croire aux malheurs d’un tel enjôleur ? Et si tout était faux ?
Gil Rose rit jaune . Possible mais pas certain (ou quelque chose du genre).
Peintre et guitariste, adepte de Telecaster Custom et d’amplis Fender. Né en 1962 – avant l’invention du monde virtuel – pense que la critique musicale peut-être un genre littéraire, objet idéal pour un débat en fauteuil club millésimé.