On plante le décor: c’est un Sonic bien rempli ce soir, la foule venue assister au plus gros lacher de décibels qu’on aura pu voir (entendre) depuis longtemps. Il a plu toute la journée, la saône est haute et déchaînée, et nul doute que le headbanging va faire tanguer la péniche. Llorah vient d’attaquer lorsque j’arrive, et il m’est difficile de me frayer un chemin jusqu’au milieu de la salle, où l’on est pas encore assez près pour voir le chanteur s’égosiller (au sens non péjoratif du terme). En tout cas, c’est intense, c’est le moins qu’on puisse dire, et pour la première fois (et dernière car il s’agit de l’ultime concert avant le split du groupe) que je les vois sur scène, le niveau est largement à la hauteur de ce que j’ai pu entendre à leur sujet. Un ami présent me dira avoir préféré leur concert d’il y a quelques mois en première partie de Made Out Of Babies. Mouais. (En même temps j’en sais rien, j’y étais pas). Version ma foi sympathique de Echos, titre extrait de leur démo 4 titres – celui qui a d’ailleurs ma préférence – après les remerciements au public lyonnais de les avoir accompagnés pendant ces trois dernières années. L’émotion n’est pas vraiment le maître mot ce soir, mais on sent tout de même Llorah désireux de donner le meilleur avant de tirer leur révérence. Pari réussi, si l’on en juge par les saluts de la petite centaine (?) de personnes présentes à la fin de leur set. Petite pause, on en profite pour saluer les copains, boire une bière et taper la discute. Et puis les affaires reprennent.
Caldera sera presque la meilleure surprise de la soirée. Je ne connaissais pas du tout ce groupe (signé chez Atropine tout comme Year Of No Light) dont le post-hardcore se rapproche de celui de Red Sparowes et surtout de Pelican, rapport aux nombreux changements de rythme et accélérations, avec un coté plus sombre et plus « hard » cependant, qui on dirait – colle un peu mieux avec la ligne esthétique de la soirée. Ca sonne très très fort (qui a dit trop?) mais bien, heureusement qu’on a les bouchons; en tout cas le groupe joue de façon très pro, ultra carré, avec des visuels projetés en fond de scène (pas mal pour l’ambiance, dommage que semble t’il la séquence tourne en boucle et n’apporte au final pas un grand sens à la prestation des Nancéens). Les compos sont vraiment intéressantes: mon background musical me fera apprécier davantage les passages lents et aériens aux envolées rythmiques plus heavy, mais dans l’ensemble c’est toujours très cohérent et bien amené. Conclusion un peu dommage, le groupe dépassera allègrement l’heure de set, et une partie du public (dont je fais partie) jettera l’éponge sur les deux derniers morceaux.
La soirée bien entamée (il est presque vingt trois heures trente), Year Of No Light s’installe à la hâte, le temps de faire un rapide linecheck; et ça démarre sur les chapeaux de roues. En deuxième titre le groupe nous gratifie de l’excellent Traversée, qui laisse pleinement apprécier le coté shoegaze de la formation bordelaise: là encore c’est très carré, et on se demande comment – parce que par manque de temps pour une balance décente sans doute, le sonic est par moments littéralement noyé dans une étouffante déferlante sonore, qui tient plus d’un coup de tonnerre amplifié et réverbéré que d’un concert de metal. On bénit encore une fois ses bouchons et on écoute avec attention, mais pas trop quand même – parce que la musique de YONL a cette couleur à la fois violente et planante, atypique pour un groupe qui joue aussi fort (mmm les baffles sunn(o)))); elle inspire autant l’envie de headbanger que celle de fermer les yeux et se laisser porter par le son. Juste devant le guitariste « lead » j’ai tout le loisir d’apprécier son utilisation intéressante de la loopstation pour épaissir son son sur les parties que l’on qualifiera de plus « mélodiques ». Pour les raisons évoquées plus haut le set se termine prématurément après quatre (cinq?) titres et quarante petites minutes de show, couvre-feu oblige. Dommage car même si le son n’était pas non plus de leur coté, les cinq musiciens avaient réussi à livrer quelques morceaux réellement enthousiasmants. Au final une soirée réussie pleine de bon gros son qui tache!
cultive ici son addiction à la musique (dans un spectre assez vaste allant de la noise au post-hardcore, en passant par l’ambient, la cold-wave, l’indie pop et les musiques expérimentales et improvisées) ainsi qu’au web et aux nouvelles technologies, également intéressé par le cinéma et la photographie (on ne peut pas tout faire). Guitariste & shoegazer à ses heures perdues (ou ce qu’il en reste).