Pour commencer à parler d’un disque, il suffit parfois de s’attarder quelques secondes sur sa pochette. Sur celle du premier EP du Lyonnais Grimme, tout est finalement éclatant de lumière et d’évidences. À partir de cette image, dans cette hybridation entre le végétal et la chair sur un fond uniformément blanc (dans une première lecture puisqu’une telle image ouvre en grand les perspectives sémiotiques), on devine la délicatesse, les ponts qui s’imaginent entre des matières éloignées, et plus que tout on espère l’ingénue sophistication.
Point de mauvaise surprise de par ici car ce premier disque confirme heureusement toutes ces attentes. Grimme excelle dans une recherche très appliquée d’un classicisme pop raffiné à la douce et calme déviance mais en gardant toujours les mélodies en impératif incontournable. Les cordes en ouverture sur « As Friends or Fighters » amènent ainsi délicatement et doucement l’auditeur vers un final sur lequel s’inscrustent des sonorités venues toutes droit des esthètes américains de Mercury Rev période Deserter’s Songs; une influence qui contamine calmement mais sur presque toute sa longueur le plus rythmé « Hey Stranger ». Comparé aux deux premiers morçeaux, « Lordship Lane » développe dans une esthétique baroque des accents plus folk pour décrire une intimité sans voile, directe et chaleureuse peuplée de souvenirs nostalgiques et familiaux. La conclusion, « Painting Flowers (all over town) » fait écho aux choix graphiques du bonhomme mais ressemble surtout à une déclaration de foi idéaliste et assumée : les chœurs féminins, ce charmant et timide instant solennel introduit par des cuivres à la Beatles, les « nana nana » évoquent des idéaux humanistes dans une grammaire stylistique et nostalgique aux reflets sixties.
Avec ce premier effort, Grimme démontre déjà son talent pour la composition et la richesse harmonieuse des arrangements. Il laisse ses chansons s’articuler autour de structures classiques pour ensuite les enrichir d’expérimentations douces et graciles. Au final, il esquisse les contours d’un univers lumineux, tout à la fois ouvragé et naïf.
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Grand consommateur de Baby Carottes et de sorbets au yuzu, j’assume fièrement mon ultra dépendance au doux-amer, à l’électropop bancale et chétive, aux musiciens petits bras ainsi qu’aux formes épurées du grand Steve Ditko. A part cela? Il y avait péno sur Nilmar.