Je te le disais encore hier, pas évident de choisir sa soirée entre les trois concerts que proposaient le Sonic, le Grrnd et la Marquise ce mardi soir. Pour ma part la préférence allait clairement vers l’affiche qui proposait (avec les Parisiens de Turzi) le trio electro-pop lillois Cercueil. Petit coup de pouce du destin, la chance m’a fait gagner ma place en participant au concours de Génération Spontanée (merci bien) et m’a du coup épargné d’avoir à débourser les douze euros du prix d’entrée (quelque peu excessif il faut bien le dire).
Pour une fois j’arrive à l’heure et la salle est encore vide. De quoi avancer un pronostic plutôt pessimiste sur l’affluence de la soirée : trois concerts, un temps exécrable, et l’OL sur TF1, tous les ingrédients d’un beau plantage. Mais juste histoire de me faire mentir, la salle se remplit peu à peu et finit par contenir ce qui pourrait être une quarantaine de personnes. Sur scène, du joli matériel, basse Rickenbaker, Fender Bass VI (je ne dirai jamais assez comme j’idolâtre ces instruments), amplis et claviers vintage et moult pédales d’effet (tout le monde s’en fout, je sais, mais un sale nerd comme moi ne peut s’empêcher de considérer ce genre de détail).
Cercueil est donc un trio originaire de Lille (pour ceux qui ne suivent pas) que j’avais découvert indirectement il y a quelques mois par le biais de l’association Mohamed Dali, qui organise nombre d’excellents concerts à Lille – notamment à la Malterie, salle qu’on ne renierait sûrement pas si on était du coin. Coté formation leur musique repose principalement sur des plans de batterie fort bien éxécutés, charley en avant, des nappes de claviers auxquelles se mélange froidement le chant vaporeux et funambule de Pénélope. Alternant guitare ou basse dopées au delay, le troisième larron complète la section rythmique avec un véritable groove. La pop indie et électronique de Cercueil bouge et fait bouger, à l’évidence, pourtant elle reste tintée d’ambiances mouvantes et habitée d’une certaine tension, qui sied à merveille aux parties vocales : plusieurs fois cela me rappelle un peu l’univers sonore de Clinic (surtout l’extrait video ci-dessous), et croyez bien que la comparaison est plutôt élogieuse. Excellente entrée en matière.
[youtube]CLqwqn5ImVM[/youtube]
Turzi est un projet mené par le Romain du même nom (ça n’a pas été sans effort que j’ai gagné cette place, il a fallu que j’enquête) accompagné des « Four Organs », où s’invitent grosses guitares bourrées de fuzz, claviers hypnotiques et motifs electro spatiaux dans un tourbillon krautrock plutôt bien fichu : c’est énergique, l’espace sonore est dense, pointu, et les morceaux avoisinent parfois les sept ou huit minutes sans tomber dans les pièges grossiers du progressif, en évitant les plans trop répetitifs. Au contraire, certains motifs récurrents toujours dosés avec subtilité et dont la trame évolue de façon plutôt opaque amènent à l’ensemble un coté hypnothique pas dégueulasse du tout. La basse est discrète et n’en fait pas trop, comme pour gonfler discrètement ce mur du son et laisser les grattes s’exprimer.
[youtube]XV-yrOMeLgU[/youtube]
Mais les influences – Bobby Gillespie de Primal Scream (qui a d’ailleurs posé sa voix sur un récent titre intitulé « Baltimore ») – ou des affinités avec Kasabian (notamment au chant), peut être un peu trop clairement affichées, entachent mon enthousiasme sur ce set des Parisiens. Surtout, dans l’éxecution, tout ça reste ma foi assez propre et peu convaincant. Je sais pas, quand j’entends ce genre de son la seule chose que j’attends c’est de voir quand ça va partir en couille. Mais hier, tout le monde est bien resté à sa place jusqu’à la fin du rappel. A leur décharge peut-être manquaient-ils tout simplement d’espace (la scène de la marquise c’est pas le stade de France non plus). Bilan hésitant au final car musicalement il y a une véritable mine d’or là derrière, en attestent certains passages instrus – et pas toujours les plus rythmés d’ailleurs – qui m’ont vraiment mis la tête à l’envers. Mais coté live on sera définitivement passé à coté d’un concert mémorable… On passe son tour pour cette fois en espèrant pouvoir revoir ça très vite, dans de meilleures conditions.
cultive ici son addiction à la musique (dans un spectre assez vaste allant de la noise au post-hardcore, en passant par l’ambient, la cold-wave, l’indie pop et les musiques expérimentales et improvisées) ainsi qu’au web et aux nouvelles technologies, également intéressé par le cinéma et la photographie (on ne peut pas tout faire). Guitariste & shoegazer à ses heures perdues (ou ce qu’il en reste).
ArnD
Je savais même pas qu’ils jouaient à Lyon ! Turzi sur le papier ça a tout pour me plaire… Et pourtant je ne suis jamais parvenu à rentrer dans les disques ; ( Cercueil par contre j’avais trouvé l’album pas mal du tout et j’aurais été curieux de voir ça sur scène… tant pis.